
France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Près de 300 écrivains francophones, dont deux prix Nobel de littérature, Annie Ernaux et Jean-Marie Gustave Le Clézio, ont fait paraître lundi dans Libération une tribune dans laquelle ils dénoncent "le génocide" en cours à Gaza, demandant "un cessez-le-feu immédiat".
"Israël tue sans relâche des Palestiniens et des Palestiniennes, par dizaines, chaque jour. Parmi eux, nos confrères et consœurs : les écrivains et écrivaines de Gaza. Quand Israël ne les tue pas, il les mutile, les déplace, les affame délibérément. Israël a détruit les lieux de l’écriture et de la lecture − bibliothèques, universités, foyers, parcs", écrivent les signataires.
Rappelant l'assassinat le 20 octobre 2023 de la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada par l'armée israélienne, ils affirment qu'"en tuant un écrivain ou une écrivaine, c’est une culture, une liberté, un témoignage, une archive que l’on efface. C’est tout un corpus qu’on oblitère et un silence qu’on impose. Car une mort est aussi une censure".
Et de poursuivre : "La qualification de 'génocide' pour décrire ce qu’il se passe à Gaza ne fait plus débat pour nombre de juristes internationaux et d’organisations de protection des droits humains : la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Amnesty International, Médecins sans frontières, Human Rights Watch, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, les rapporteurs des Nations unies, et bien d’autres spécialistes et historiens".
"Face à ce moment historique, nous pouvons détourner le regard. Ou bien nous montrer à la hauteur de la tâche qui s’impose à nous. L’histoire, parfois, nous oblige", indiquent-ils.
Les signataires expliquent que "la qualification de 'génocide' n’est pas un slogan. Elle implique des responsabilités juridiques, politiques, morales".
"Nous ne pouvons plus nous contenter d’appeler cela une 'horreur', de faire montre d’une empathie générale et sans objet, sans qualifier cette horreur, ni préciser de quoi il s’agit", insistent-ils, affirmant qu'"il faut aujourd’hui nommer le 'génocide'".
"Plus que jamais, exigeons que soient imposées des sanctions à l’Etat d’Israël, demandons un cessez-le-feu immédiat − qui garantisse la sécurité et la justice pour les Palestiniens, la libération des otages israéliens, celle des milliers de prisonniers palestiniens détenus arbitrairement dans les prisons israéliennes, et qui mette un terme, sans délai, à ce génocide qui nous engage chacun et chacune", concluent-ils.
Outre Annie Ernaux et Jean-Marie Gustave Le Clézio, cette tribune est signée notamment par Leïla Slimani, Hervé Le Tellier ou encore Mohamed Mbougar Sarr.