"Huit hommes détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale"
Le dernier rapport de l'ONG Oxfam prêche pour une économie "centrée sur l'humain".

Tunisia
AA/ Tunis
L'ONG Oxfam a plaidé, dans un rapport publié lundi, pour "une économie centrée sur l’humain qui profite à tous, et non à quelques privilégiés" après avoir relevé que "8 hommes détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale".
En cause, "le modèle économique dans lequel nous évoluons et les principes qui y sont associés" a expliqué dans un rapport intitulé "Une économie au service des 99%", cette confédération internationale de 20 organisations qui luttent contre la pauvreté dans le monde.
Pour remédier à cette situation "injuste, extrême et non durable", Oxfam plaide pour une "une économie centrée sur l’humain" et qui "exige des États responsables et visionnaires, des entreprises qui travaillent dans l'intérêt des travailleurs et des producteurs, un environnement respecté, la promotion des droits des femmes et une fiscalité robuste et équitable. "
Oxfam pointe "le rôle des entreprises dans la crise des inégalités", en relevant d'abord que "les entreprises atteignent des tailles inédites. Ainsi, la grande majorité des plus grosses entités existants aujourd'hui sont des entreprises, et non des Etats.
"Les entreprises sont l'ossature de l'économie de marché. Lorsqu'elles œuvrent au profit de tous, elles peuvent être les acteurs clés de sociétés justes et prospères. Mais les richesses qu'ont générées les entreprises ne sont pas partagées, elles bénéficient, de plus en plus exclusivement aux plus riches", relève le rapport.
En cherchant à maximiser les profits, le modèle de développement des entreprises a favorisé la compression des salaires et les évasions fiscales, alors que les recettes fiscales sont justement "essentielles pour financer des politiques et des services capables de combattre les inégalités".
Mais cette économie au service des 1% de la population mondiale repose surtout sur un ensemble d'idées reçues, d'après l'ONG. Certaines sont en rapport avec "une forme particulière de modèle de politique économique appelé néolibéralisme", un concept basé sur "la domination d'un ensemble d'idées axées sur l'expansion des marchés et l'individualisme."
De ces idées reçues, le rapport énumère six. Ainsi l'affirmation que "le marché a toujours raison et que le rôle des Etats doit être le plus faible possible", ou encore l'assertion selon laquelle "les entreprises doivent à tout prix maximiser leurs bénéfices et les dividendes versés aux actionnaires".
Figurent également au nombre de ces idées reçues celle banalisant "la richesse extrême" de certaines personnes qui ne serait alors que la marque "d'une réussite individuelle", ou encore le credo de la croissance comme "objectif principal de l'élaboration des politiques publiques".
Le rapport cite enfin les deux idées reçues affirmant que "ce modèle de croissance du capital axé sur le profit n'est pas sexiste", et que "les ressources de notre planète pour l'économie sont illimitées".
Pour y remédier, l'ONG plaide pour une alternative à travers "une économie centrée sur l'humain". "Notre système économique doit cesser de profiter abusivement à une élite pour se mettre au service du plus grand nombre", prêche le rapport.
Ce modèle doit intégrer "plusieurs ingrédients essentiels", notamment, la revalorisation du rôle de l'Etat qui doit oeuvrer à réduire ces inégalités. En outre, les Etats devront coopérer "plutôt que d'agir en simples concurrents."
"Les pays doivent coopérer sur un pied d'égalité pour parvenir à un nouveau consensus mondial et contribuer à un cercle vertueux pour garantir que les entreprises et les particuliers fortunés payent leur juste part d'impôts, que l'environnement soit protégé et que les travailleurs soient bien payés", dit le rapport.
Enfin, une économie centrée sur l’humain œuvrera à l’égalité entre les femmes et les hommes, mettra les nouvelles technologie à la disposition du plus grand nombre, tout en se basant sur les énergies renouvelables.