
Beyrut
AA / Beyrouth
L'organisation « Human Rights Watch » (HRW) a appelé les autorités saoudiennes à mettre un terme aux « traitements inhumains » réservés à des centaines de migrants qu’elles séquestrent dans un centre d’expulsion de la capitale Ryad.
C'est ce qui ressort d'un rapport rendu public, mardi, par l'organisation internationale, basée à New York, et dont Anadolu a eu copie.
Le centre d’expulsion séquestre des centaines de travailleurs migrants, à majorité des éthiopiens, dans des conditions « humiliantes », à telle enseigne que cela atteint les « mauvais traitements ».
L'Agence Anadolu n'a pas été en mesure d'obtenir, dans l'immédiat, des commentaires des autorités saoudiennes au sujet de la teneur du rapport.
HRW a confirmé s'être entretenue, au téléphone, avec sept travailleurs éthiopiens, détenu dans un centre d'expulsion à Ryad, et deux indiens séquestrés dans le même endroit.
L'organisation a indiqué que les autorités saoudiennes ont interpellé la majorité des travailleurs et les a séquestrés sous le prétexte qu'ils n'ont plus « d’autorisations de résidence valides ».
« Toutes les personnes que nous avons rencontrées ont dit que les autorités saoudiennes les ont placés, des mois durant, dans des salles bondées et salle à côté d'autres migrants, dont le nombre s’élèverait à 350 », indique HRW.
Et HRW de poursuivre : « Deux hommes sont détenus, depuis plus d'une année et les personnes séquestrées ont expliqué qu'ils n'ont pas l'espace nécessaire pour s’étendre, raison pour laquelle ils dormaient par alternance (matin et soir) et les gardes ne leur ont pas fourni de couverture mais uniquement des draps crasseux ».
L'organisation a indiqué que « les photos et les vidéos ont prouvé la version des témoins, en particulier, deux extraits vidéo qui montrent des centaines d'hommes qui sont debout ou qui dorment les uns au-dessus des autres dans une salle bondée, avec des tas de détritus dans un coin de la pièce ».
Les migrants ont évoqué, également, toujours selon HRW, que « les gardes agressaient verbalement les détenus, y compris, des insultes à répétition, des menaces et des humiliations d'ordre raciste ».
« Toutes les personnes que nous avons rencontrées ont souligné que des gardes portant des treillis verts, noirs et gris, les ont frappés ou qu'ils ont vu des gardes battre d'autres détenus à coups de bâtons de fer couverts de caoutchouc », ajoute HRW.
HRW a ajouté que « les coups pleuvaient généralement lorsque les détenus réclament un médecin ou qu'ils se plaignaient des conditions de leur séquestration.
Six des neuf personnes avec qui nous avons discuté ont dit avoir vu des gardes frapper des migrants à tel point qu'ils les ont fait sortir de la salle de détention et qu’ils ne sont jamais retournés ».
« Dans l’un des cas, un éthiopien, âgé de 27 ans, a été témoin de l'exécution illégale de trois autres détenus, dont deux parmi eux qui ont été frappés avec agressivité par les gardes à telle enseigne qu’ils ont succombé à leurs blessures immédiatement. Le troisième est décédé quelques heures plus tard et HRW n'est pas parvenu à enquêter de manière indépendante au sujet de ces allégations », a indiqué l’organisation internationale.
L'organisation a mis l'accent sur le fait que « les migrants avec qui elle s'est entretenue, ont avoué que leur principale crainte demeure d'être contaminés à la Covid-19 après avoir observé des symptômes du virus sur d'autres détenus, mais les autorités saoudiennes du centre d'expulsion n’ont pris aucune mesure pour protéger les groupes les plus atteints du virus, à l'instar des prisonniers âgés et des autres détenus ayant des antécédents médicaux ».
« L'organisation internationale a indiqué avoir reçu et analysé un enregistrement vidéo qui montre un homme originaire du sud de l’Asie au coin d'une pièce de détention bondée, qui paraît comme étant chétif et malade », poursuit l’organisation.
Nadia Hardman, chercheure à la division des droits des réfugiés et des migrants à HRW, a souligné que « l'Arabie saoudite, un des pays les plus riches au monde, n’a aucune justification pour détenir des travailleurs migrants dans des conditions épouvantables, au milieu de la propagation d'une pandémie sanitaire pendant de longs mois ».
HRW a conclu : « Les extraits vidéos de personnes entassées ensemble, et les allégations de de torture et autres exécutions illégales sont choquantes, de même que l'indisponibilité des autorités à bouger le petit doigt pour diligenter une enquête sur les conditions des agressions afin de demander des comptes aux responsables de ces forfaits ».
*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou
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