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Haaretz : Israël envoie des malades mentaux combattre à Gaza, 35 suicides

- Le département de réhabilitation du ministère israélien de la Défense prend en charge plus de 17 000 soldats blessés, dont 9 000 souffrent de troubles psychiques, en raison de la guerre d’extermination menée à Gaza, selon le journal israélien

Zein Khalil  | 18.05.2025 - Mıse À Jour : 19.05.2025
Haaretz : Israël envoie des malades mentaux combattre à Gaza, 35 suicides Israeli army begins withdrawal from Netzarim Corridor in Gaza

Gazze

AA / Gaza / Zein Khalil

Le journal israélien Haaretz a révélé, dimanche, que l’armée israélienne recrutait des réservistes souffrant de maladies mentales ou de troubles de stress post-traumatique (TSPT) pour pallier un grave déficit en effectifs, alors que le nombre de suicides de soldats israéliens atteint 35 depuis le début de la guerre d’extermination menée contre la bande de Gaza.

D’après le journal, au moins 35 soldats israéliens en service actif se sont suicidés depuis le début de la guerre, dont 28 avant la fin de l’année 2024.

L’armée a refusé de communiquer à Haaretz des données actualisées sur les cas de suicides en 2025, ce qui soulève de sérieuses questions sur la transparence dans le traitement de cette crise grandissante.

Le journal a mis en lumière l’état psychologique des soldats israéliens traités pour divers troubles mentaux ou des TSPT causés par la guerre.

Selon les données du ministère israélien de la Défense, 78 000 personnes issues de l’ensemble des guerres israéliennes sont suivies dans le département de réhabilitation, dont certaines sont âgées de plus de 80 ans.

Parmi elles, 26 000 souffrent de troubles psychiques, et environ 11 000 sont officiellement reconnues comme atteintes de TSPT.

Pour la guerre actuelle, plus de 17 000 blessés sont pris en charge, dont près de 9 000 souffrent de troubles psychologiques, ce qui témoigne de l’ampleur croissante des conséquences mentales du conflit, selon Haaretz.

Le quotidien révèle que l’armée a récemment commencé à enrôler dans les unités de réserve des personnes souffrant de pathologies psychiques, y compris d’anciens soldats déjà reconnus comme handicapés psychologiques. Ce recours intervient alors que la guerre entre dans son 19ᵉ mois et que la pénurie de soldats s’aggrave.

Un commandant d’une unité blindée de réserve a admis à Haaretz qu’il était, avec d'autres officiers, au courant de cette pratique : « J’aimerais pouvoir ne recruter que nos équipes originales, mais les gens ne viennent tout simplement pas. Ils sont épuisés, ont des problèmes à la maison et au travail. Nous faisons donc appel à d'autres, même ceux qui ne sont pas entièrement prêts mentalement ou physiquement. »

Et d’ajouter : « Nous n’avons pas d’autre choix. La sécurité de l’État passe avant tout. Nous faisons avec les moyens du bord. »

-- Des soldats handicapés mentaux envoyés au combat

Selon des dizaines de témoignages recueillis par Haaretz, l’armée israélienne a récemment déployé pour des rôles combattants dans la réserve des individus souffrant de troubles mentaux, y compris des anciens soldats officiellement reconnus comme atteints de TSPT.

Certains avaient été dispensés de service dans le passé, d’autres présentent un taux d’invalidité supérieur à 50 %.

Les soldats concernés ont déclaré ne pas avoir été évalués par des professionnels de santé mentale avant leur mobilisation.

La majorité affirme avoir été recrutée via des annonces postées sur les réseaux sociaux, publiées par des officiers confrontés à un manque extrême de personnel.

Haaretz a parlé à trois soldats handicapés psychiques récemment envoyés dans la bande de Gaza. L’un d’eux a confié : « Personne ne m’a posé de questions sur mon état mental. Je n’ai pas osé en parler, par peur d’être exclu du service. »

Début mai, l’armée israélienne a envoyé des dizaines de milliers d’ordres de mobilisation à des réservistes, en vue d’une nouvelle escalade militaire dans la bande de Gaza, selon plusieurs médias israéliens, dont Yedioth Ahronoth.

-- Un siège et une famine aggravée à Gaza

Israël impose un blocus à la bande de Gaza depuis 18 ans. À ce jour, environ 1,5 million de Palestiniens sur les 2,4 millions que compte l’enclave sont sans abri, leurs maisons ayant été détruites lors des bombardements.

Le territoire est également frappé par une famine aiguë, conséquence directe de la fermeture des points de passage par Tel-Aviv, empêchant l’entrée de l’aide humanitaire.

En mars dernier, la première phase d’un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers, négocié par l’Égypte et le Qatar avec le soutien des États-Unis, avait été mise en œuvre à partir du 19 janvier 2025, avec l’engagement de la résistance palestinienne.

Toutefois, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, visé par un mandat d’arrêt international, a refusé de mettre en œuvre la deuxième phase de l’accord et a relancé l’agression contre Gaza le 18 mars, sous la pression de l’aile la plus extrémiste de sa coalition, selon la presse israélienne.

Depuis le 7 octobre 2023, avec un soutien américain absolu, Israël mène à Gaza une campagne de destruction qualifiée de génocidaire par de nombreuses voix internationales. Celle-ci a fait près de 174 000 victimes palestiniennes, entre morts et blessés en majorité des enfants et des femmes, et plus de 11 000 disparus.

* Traduit de l'arabe par Sanaa Amir


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