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Haaretz : 3 missiles israéliens tirés depuis un drone ont tué des employés de World Central Kitchen à Gaza

- Les voitures ciblées portaient des signes clairs indiquant qu'elles appartenaient à l'organisation internationale, et leur mouvement était coordonné avec l'armée israélienne, selon le quotidien israélien

Zein Khalil  | 03.04.2024 - Mıse À Jour : 04.04.2024
Haaretz : 3 missiles israéliens tirés depuis un drone ont tué des employés de World Central Kitchen à Gaza

Israel

AA / Jérusalem / Zein Khalil

Le journal israélien Haaretz a rapporté ce mardi qu'un drone israélien avait tiré trois missiles lundi contre un convoi qui transportait sept employés humanitaires de l'organisation World Central Kitchen (WCK) dans le centre de la bande de Gaza, qui ont tous été tués.

L'armée israélienne a pris pour cible le convoi de World Central Kitchen, lundi soir, dans la ville de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, tuant 7 personnes portant les nationalités australienne, polonaise, britannique, américaine, canadienne et palestinienne.

Plus tôt dans la journée de ce mardi, l'organisation World Central Kitchen a décidé de suspendre ses opérations de transport d'aide humanitaire à Gaza, exprimant son "choc" suite au tir mortel contre 7 membres de son équipe, lors d'une frappe de l'armée israélienne sur Gaza.

Citant des sources sécuritaires bien informées dont il n'a pas précisé l'identité, le journal Haaretz a affirmé ce mardi que l’attaque israélienne contre des employés humanitaires était survenue "à cause des soupçons selon lesquels un terroriste voyageait également dans le convoi, qui a été ciblé par un drone qui a tiré trois missiles l’un après l’autre".

Les sources ont expliqué qu'"un convoi de trois voitures de la World Central Kitchen (WCK) s'est déplacé hier soir pour accompagner un camion humanitaire jusqu'à l'entrepôt alimentaire de l'organisation dans la région de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza".

Les voitures portaient des signes clairs indiquant leur appartenance à l'organisation, sur leur toit et sur leurs côtés, selon la même source.

Des sources proches du détail de l'incident ont affirmé que "la salle des opérations de l'unité chargée de sécuriser l'axe parcouru par le convoi a repéré un homme armé à bord du camion et l'a soupçonné d'être un terroriste".

Le camion est arrivé à l'entrepôt accompagné de trois véhicules de l'organisation, transportant sept volontaires, dont deux étaient des Palestiniens portant la double nationalité (des États-Unis et du Canada) et les cinq autres citoyens d'Australie, du Royaume-Uni et de la Pologne, selon le quotidien Haaretz.

"Au bout de quelques minutes, les trois voitures appartenant à l'organisation humanitaire ont quitté l'entrepôt, sans le camion dans lequel se trouvait l'individu présumé armé. Selon des sources sécuritaires, cette personne n'a pas quitté le siège de l'entrepôt".

Sur le chemin du retour, "les voitures ont emprunté un itinéraire préalablement approuvé par l’armée israélienne, et leur voyage a également été coordonné avec l’armée", a fait savoir Haaretz.

Les sources ont déclaré au journal israélien : "À un moment donné, alors que le convoi circulait sur l’itinéraire convenu, la salle des opérations de l’unité chargée de sécuriser la route a ordonné aux opérateurs de drones d’attaquer l’une des voitures avec un missile".

"Certains passagers ont été aperçus sortant de la voiture après la frappe de missile et se diriger vers l'une des deux autres voitures. Ils ont continué leur voyage et ont même informé leurs supérieurs qu'ils avaient été attaqués, mais quelques secondes plus tard, un autre missile a frappé leur voiture", selon les sources de Haaretz.

Toujours selon les mêmes sources : "La troisième voiture du convoi s'est approchée d'eux et les passagers ont commencé à y transporter les blessés qui avaient survécu à la deuxième attaque, afin de les tenir à l'écart de tout danger. Mais ensuite, un troisième missile a été tiré qui les a touchés. Les sept volontaires de l'organisation ont tous été tués dans l'attaque".

Haaretz a noté que "L'armée israélienne est consciente qu'il s'agit d'un incident grave qui pourrait avoir des effets à long terme sur la poursuite des combats à Gaza, compte tenu de l'érosion de la légitimité internationale ces dernières semaines".

"L'establishment sécuritaire se prépare à envoyer des représentants dans les pays dont les volontaires tués portent les nationalités pour présenter personnellement aux hauts représentants des gouvernements les résultats de l'enquête menée par l'armée israélienne", a indiqué le quotidien israélien.

Et de souligner que "l'attaque d'hier soir n'est pas le premier cas de ciblage des membres de l'organisation par l'armée israélienne".

"À la fin de la semaine dernière, un tireur d'élite de l'armée israélienne a ouvert le feu sur une voiture qui se dirigeait vers un entrepôt alimentaire dans la région de Khan Younès (sud de la bande de Gaza). La balle du tireur d'élite a touché le pare-brise de la voiture, mais le volontaire à bord n'a pas été blessé", selon le journal.

Haaretz a conclu son rapport en affirmant qu'"Immédiatement après l'incident, l'organisation a déposé une plainte auprès de l'armée israélienne et a exigé qu'elle cesse de tirer sur ses employés et qu'elle assure leur sécurité lors de la distribution de nourriture dans la bande de Gaza, qui est acheminée en pleine coordination, mais l'armée israélienne n'a pas accédé à la requête de l'organisation".

Plus tôt dans la soirée de ce mardi, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a ordonné la formation d'une équipe spéciale chargée d'enquêter sur les circonstances de la mort des employés humanitaires.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a également déclaré plus tôt dans la journée du mardi que "Malheureusement, un incident tragique s’est produit au cours de la journée d'hier, avec le ciblage involontaire par nos forces de personnes innocentes dans la bande de Gaza".

Pour tenter de justifier l'attaque, Netanyahu a ajouté : "Cela se produit en temps de guerre, et nous examinons attentivement cette question et prenons des contacts avec les gouvernements concernés. Nous ferons tout pour que cela ne se reproduise plus jamais".

La déclaration de Netanyahu est la première reconnaissance officielle de la responsabilité de l'armée dans la mort d'une équipe étrangère, après les condoléances que l'armée israélienne s'est contentée de présenter, en promettant d'enquêter sur l'incident.

L’armée israélienne a affirmé ce mardi dans un communiqué avoir ouvert une "enquête approfondie sur l’incident auprès des plus hauts gradés de l’armée pour en comprendre toutes les circonstances".

Depuis le soir du lundi, les condamnations arabes et internationales se sont succédées contre les attaques ciblant les employés humanitaires internationaux, alors qu'ils tentaient d'atténuer les effets de la guerre et la faim infligée par Israël à la bande de Gaza, sans parler des destructions catastrophiques infligées à l'enclave palestinienne durant plus de 6 mois.

Depuis le 7 octobre, Israël mène des opérations militaires meurtrières dans la Bande de Gaza qui ont fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures, qui ont valu à Tel Aviv de comparaître devant la Cour internationale de Justice pour des accusations de "génocide".

* Traduit de l'arabe par Mounir Bennour.

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