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Guerre à Gaza : Eurolinks visée par une plainte pour complicité de crimes de guerre, de génocide et contre l'humanité

– La LDH dépose une plainte avec constitution de partie civile contre la société marseillaise, soupçonnée d’avoir fourni à Israël des composants utilisés dans les mitrailleuses déployées à Gaza.

Ümit Dönmez  | 12.06.2025 - Mıse À Jour : 12.06.2025
Guerre à Gaza : Eurolinks visée par une plainte pour complicité de crimes de guerre, de génocide et contre l'humanité

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

La guerre à Gaza continue de faire trembler jusqu’aux chaînes d’approvisionnement françaises. Mercredi 11 juin, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a déposé une plainte avec constitution de partie civile contre la société marseillaise Eurolinks, l’entreprise israélienne IMI Systems, et “tout autre co-auteur ou complice”, pour “complicité de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crime de génocide”, selon des informations du Monde et de Radio France.

À travers sa plainte, l’organisation souhaite que la Justice française fasse toute la lumière sur la livraison présumée, depuis octobre 2023, de composants militaires à Israël, en pleine guerre contre la bande de Gaza. Ces composants, appelés “maillons”, servent à relier des munitions dans les fusils-mitrailleurs légers, et auraient été expédiés discrètement depuis le port de Marseille à destination d’IMI Systems, filiale du groupe Elbit, fournisseur des forces armées israéliennes.

L’affaire, initialement révélée en mars par Disclose et Marsactu, avait été formellement démentie par Eurolinks, qui admet exporter 5 à 7 % de son activité vers Israël, tout en affirmant que “ces maillons ne sont aucunement utilisés pour assembler des munitions destinées à être utilisées par les forces armées israéliennes.” Le ministère des Armées, par la voix de Sébastien Lecornu, avait lui aussi nié tout rôle offensif, précisant que seuls des “composants pour le Dôme de fer ou des éléments destinés à la réexportation” faisaient l’objet d’autorisations.

Mais des expéditions similaires en avril et mai 2025, également signalées par Disclose, ont ravivé la controverse, renforcée par l’action symbolique des dockers du port de Marseille-Fos le 4 juin, qui ont refusé de charger des composants militaires “pour ne pas participer au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien”.

Pour Me Emmanuel Daoud, avocat de la LDH, cité par Le Monde, il s’agit de “crimes imprescriptibles” : “Si des livraisons de maillons utilisés pour assembler des mitraillettes légères, ces mêmes armes qui ont tué des civils à Gaza, ont effectivement eu lieu en connaissance de cause, alors ces actes doivent être jugés".

La plainte cible également le rôle de l’État français, à travers la CIEEMG, la commission interministérielle chargée de délivrer les licences d’exportation.


- Situation humanitaire à Gaza


Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".




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