Monde

Guerre d'Algérie / Responsabilité de la France dans la torture : la question de la "mémoire collective"

- Interrogé par AA, le député LIOT Benjamin Saint-Huile a souligné l'importance de la "mémoire collective", ajoutant que "la reconnaissance du travail de mémoire est de la responsabilité de l'État".

Ümit Dönmez  | 06.03.2024 - Mıse À Jour : 06.03.2024
Guerre d'Algérie / Responsabilité de la France dans la torture : la question de la "mémoire collective"

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

La Ligue des droits de l'homme (LDH) et une vingtaine d'autres ONG et associations ont appelé, ce lundi 4 mars, l'État français à officiellement reconnaître sa responsabilité dans les actes de torture commis sous son autorité pendant la guerre d'Algérie (1954-1962).

Le communiqué de la LDH et d'autres organisations, tout en saluant certaines déclarations antérieures de l'Élysée, insiste sur la nécessité d'une reconnaissance plus complète des responsabilités de la République française dans le systématisme des crimes commis sous l'ère coloniale. Ces organisations réclament une réflexion sur le fonctionnement et les logiques de l'État durant la colonisation et la guerre d'Algérie, qui contreviennent aux principes de la République.

Anadolu (AA) a interrogé, ce mardi, le député LIOT (Groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) Benjamin Saint-Huile sur le sujet.


- La question de la mémoire collective

En réponse à AA, Benjamin Saint-Huile a tout d'abord précisé que son groupe parlementaire "n'a pas débattu du sujet à ce stade" et qu'il "n'y a pas de position officielle du groupe LIOT sur cette question".

Le député du Nord a ensuite établi que "la reconnaissance du travail de mémoire est de la responsabilité de l'État dans un certain nombre de faits marquants de l'histoire et différents conflits mondiaux" et que ce travail de mémoire "a progressé au fur et mesure du temps".

Saint-Huile a posé la question de savoir si "on est en capacité de reconnaître qu'un certain nombre d'agissements de l'État français ont pu avoir un impact direct sur la vie de nos concitoyens lors du conflit en Algérie", avant d'ajouter que "cela fait sans doute partie des sujets qui vont devoir s'ouvrir à nous, puisque la maturité de la mémoire collective progresse avec le temps".

Dans son intervention, Saint-Huile a évoqué l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon comme un exemple récent de cette prise de conscience et de reconnaissance, évoquant "la possibilité de réparer" des aspects de l'histoire française, notamment concernant la guerre d'Algérie, "mais pas seulement".

- L'appel des associations et ONG

La question posée fait écho à un communiqué cosigné par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et d'autres associations, demandant une reconnaissance officielle de la responsabilité de l'État français dans les actes de torture commis pendant la guerre d'Algérie. Le communiqué rappelle les efforts engagés par le Président Emmanuel Macron pour faire face à ces événements, notamment les reconnaissances partielles concernant des cas spécifiques comme Maurice Audin et Ali Boumendjel.

Le communiqué de la LDH et d'autres organisations insiste sur la nécessité d'une réflexion plus complète sur le fonctionnement et les logiques de l'État durant la colonisation et la guerre d'Algérie, pour pouvoir établir la responsabilité de la République française.

La réponse du député LIOT, tout en restant non-commise sur une position officielle de son groupe politique, reflète une prise de conscience croissante de la nécessité d'aborder le débat sur la mémoire de la guerre d'Algérie ainsi que la reconnaissance des fautes de l'État, dans un contexte plus large de réconciliation et de compréhension de l'histoire. Une réconciliation et une compréhension, toutes deux essentielles pour avancer vers un avenir dans lequel de tels crimes ne se répètent pas.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.