AA/Paris/Fatih KARAKAYA

Dans un rapport publié ce jeudi, intitulé "Bilan carbone de TotalEnergies : le compte n’y est pas", Greenpeace France publie un recalcul des émissions de gaz à effet de serre de la compagnie pétrolière et gazière.

L’organisation non gouvernementale (ONG) internationale parle dans ce rapport d' « écart abyssal entre les déclarations officielles de la multinationale et le résultat qui ressort d’un décompte estimatif plus exhaustif et transparent de l’intégralité des émissions de CO2e de l’entreprise ».

Greenpeace France explique qu’elle a décidé de procéder à un nouveau calcul du bilan carbone de TotalEnergies « car cette dernière donne peu de détails sur la méthode de calcul de ses émissions, dont le reporting annuel est vague et peu transparent ».

Constatant que TotalEnergies « communique des chiffres bien inférieurs à ceux d’autres majors comme la compagnie anglo-néerlandaise Shell », Greenpeace observe surtout « que les volumes de production d’énergies fossiles et de vente de produits pétroliers de Shell étaient respectivement 1,2 et 1,6 fois plus élevés que ceux de TotalEnergies en 2019 ».

Faisant appel au service du bureau de conseil Factor-X, spécialisé notamment dans le calcul des émissions carbone des entreprises, l’ONG a « reconstitué les chaînes de valeurs du pétrole, du gaz, de la chimie et de la production d’électricité, en chiffrant chaque étape avec les informations provenant des publications de TotalEnergies ou, à défaut, d’hypothèses référencées ».

D’ailleurs, Greenpeace France s’est basée sur l’année de référence 2019 afin d’éviter tout biais lié à la crise sanitaire.

Ainsi, selon le rapport, « l’estimation finale donne un résultat près de quatre fois supérieur à celui que communique la major, soit un total d’émissions de 1 milliard 637 millions 648 mille tonnes de CO2e, alors que le groupe indique avoir émis 455 millions de tonnes de CO2e cette année-là ».

“Cette stratégie de minimisation est grave », regrette François Chartier, chargé de campagne Énergies fossiles pour Greenpeace France avant de poursuivre : « Mais elle n’est pas surprenante de la part de cette multinationale dont les actions de greenwashing ont été déjà maintes fois dénoncées, notamment sa communication qui fait déjà l’objet d’un recours de Greenpeace pour publicité trompeuse”.

Estimant que « la responsabilité de TotalEnergies dans la crise climatique est bien plus importante que ce qu’elle veut bien reconnaître », Greenpeace constate tout simplement que « cela remet en question l’intégralité de sa stratégie climat et de ses ambitions de neutralité carbone à 2050 ».

« Ces informations font l’objet d’un signalement à l’Autorité des marchés financiers (AMF) par Greenpeace France », conclut le rapport.

Pour rappel, le géant de l’énergie a annoncé la semaine dernière un nouveau bénéfice record de 6,6 milliards de dollars au 3e trimestre.