Monde

Grand Paris express: "Le chantier de la mort !"

- Des chiffres rapportés par Eurostat montrent qu’en 2019, la France était en tête des pays européens en nombre d’accidents mortels du travail pour 100 000 travailleurs avec un taux d’incidence de 3,53

Ayvaz Çolakoğlu  | 08.04.2023 - Mıse À Jour : 08.04.2023
Grand Paris express: "Le chantier de la mort !"

Ankara

AA/Paris

Seydou Fofana, un ouvrier malien de 22 ans, en contrat d’insertion, est mort écrasé par un bloc de béton ce jeudi 6 avril 2023 à Gonesse. C’est le cinquième mort sur le chantier du Grand Paris expess.

Les secours arrivés sur place n’ont pu que constater son décès, le corps gisant sous le bloc de béton ayant été dégagé par une grue.

Il va de soi, qu’une cellule psychologique a été mise en place pour les ouvriers présents sur place au moment de l’accident.

Ce nouveau décès porte à cinq le nombre des accidents du travail mortel depuis le lancement en 2020 du chantier du Grand Paris express.

Ce chantier se déroule dans la perspective des Jeux Olympiques Paris 2024 qui sont déjà fort endeuillés. Et pour cause, le calendrier des Jeux pousse les responsables du projet à accentuer le rythme au détriment, comme bien souvent, de la sécurité, avec l’implication de nombreuses entreprises sous-traitantes qui échappent à tout contrôle. Un problème pointé du doigt par les syndicats dont la CGT Construction.

Dans un Interview partagé en ligne, Jean-Pascal François, Administrateur fédération CGT Construction, s’est exprimé sur le décès du jeune ouvrier de 22 ans.

Ce dernier a rappelé qu’après chaque drame sur le chantier du Grand Paris express, la CGT Construction tente d’être force de proposition auprès des porteurs du projet afin d’améliorer les conditions des travailleurs, mais force est de constater dit-il avec un peu d’ironie, "Nous sommes toujours bien reçu, mais on est jamais entendu".

"Quand on a un décès, la première chose qu’ils font c’est de la communication, en disant qu’ils regrettent et qu’ils souhaitent toutes leurs condoléances à la famille, mais de ça on s’en fout nous, ce qu’on veut c’est d’avoir des salariés vivants", s’indigne-t-il avant d’ajouter :

"En France la mort d’un ouvrier ne coute pas chère".

Rappelant un sondage Eurostat, Jean-Pascal François assure que la France se place en avant dernière position, devant la Moldavie, en ce qui concerne le nombre d’accidents du travail mortel.

Il plaide pour une augmentation conséquente des amendes infligées aux entreprises, "bien sûr que cela ne va pas faire revenir les salariés décédés" précise-t-il, avant de conclure, "aujourd’hui, la vie d’un ouvrier en France vaut 100 mille euros" .

Des chiffres rapportés par Eurostat montrent qu’en 2019, la France était en tête des pays européens en nombre d’accidents mortels du travail pour 100 000 travailleurs avec un taux d’incidence de 3,53.

En début d’année, le sujet tabou des travailleurs sans papiers sur les chantiers des Jeux Olympiques Paris 2024, souvent mal traités et exploités par des sous-traitants sans vergogne, avait soulevé bien des interrogations au regard de l’image d’exemplarité que tentent de faire passer les organisateurs et le gouvernement pour ces Jeux olympiques censés devenir la vitrine de la France en 2024.

Dans un message partagé sur Twitter avec pour titre, Grand Paris express: "Le chantier de la mort !", Stéphane Peu, député de la 2ème circonscription de la Seine Saint Denis, a listé les noms des 5 ouvriers décédés sur ce projet, Abdoulaye Soumahoro 41 ans, Joâo Baptista Miranda 61 ans, Franck Michel 58 ans, Maxime Wagner 37 ans et Seydou Fofana 22 ans, avant de conclure “5 morts en moins de 2 ans et de nombreux blessés , sur ce chantier. Ça suffit !"

Le projet du Grand Paris Express, c’est 100 milliards d'euros de budget. 200 kilomètres de lignes de métro automatique. Plus de 5000 entreprises impliquées. Qualifié par ses promoteurs de "chantier du siècle".

Depuis le début du projet du Grand Paris Express, 18 accidents graves ont été recensés et cinq personnes sont mortes alors que selon des chiffres avancés fin 2022, sur les chantiers des Jeux Olympiques Paris 2024, 87 accidents du travail ont été enregistrés dont 11 graves.

Même si pour les dirigeants à la tête du projet "La sécurité est notre priorité absolue", au regard du rythme des accidents graves et mortels, ce projet pourrait bien devenir le chantier de l’hécatombe. La France doit-elle craindre une campagne de boycott de ses Jeux ? L’avenir le dira.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.