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Genève: le Commissariat des droits de l'homme accusé d'avoir fourni des noms d'opposants à la Chine

Genève: le Commissariat des droits de l'homme accusé d'avoir fourni des noms d'opposants à la Chine

Mounir Bennour  | 14.01.2021 - Mıse À Jour : 16.01.2021
Genève: le Commissariat des droits de l'homme accusé d'avoir fourni des noms d'opposants à la Chine

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AA / Genève


Emma Riley, employée de l'ONU et avocate spécialisée dans les droits de l'homme, a accusé le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme d'avoir fourni au gouvernement chinois les noms d'activistes opposés à sa politique, et plus particulièrement, les noms d'opposants Ouïghours.

Dans ses déclarations, Riley a expliqué que le Bureau des droits de l'homme avait fourni « secrètement » les noms des militants qui ont critiqué le Parti communiste chinois et ses politiques.

Et d'ajouter que des responsables chinois ont demandé à la Représentation permanente à Genève de fournir les noms des personnalités de l'opposition qui participent aux activités du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, qui se tiennent trois fois par an.

Riley a noté que les familles des militants ouïghours qui participent aux réunions du Conseil des droits de l'homme subissent des pressions de la part du gouvernement en Chine.

L'avocate des droits humains a fait savoir qu'elle faisait l'objet d'une enquête de la part des Nations unies sur cette affaire, et que l'Organisation prévoyait de la démettre de ses fonctions en raison de ses divulgations dans certains pays sur les pratiques du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.

Elle a d'ailleurs souligné que l'ONU n'avait entamé aucune enquête avec le personnel du Bureau des droits de l'homme, concernant la fuite des noms des militants, appelant la délégation de l'Union européenne auprès des Nations unies, à Genève et dans d'autres pays, à mener une enquête indépendante sur la politique des Nations unies.

Riley a appelé le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à enquêter sur les employés de l'organisation qui enfreignent ses règles en divulguant les noms à la Chine, au lieu d'enquêter sur Pékin.

D'un autre côté, des sources diplomatiques ont nié lors d'entretiens avec l'Agence Anadolu, cette pratique consistant à divulguer les noms de militants, lors de réunions du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme à d'autres pays.

Les sources ont souligné que les noms des militants et des opposants qui assistent aux réunions du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme sont « protégés ».

En réaction aux propos de Riley, dans la journée du mercredi, Robert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, a déclaré que ses allégations se rapportaient à des « pratiques passées », niant le fait que de tels actes se produisent encore actuellement.

Et d'ajouter : « Les allégations de Mme Riley se rapportent à une pratique passée qui n'est plus d'actualité, selon laquelle les noms des participants au Haut-Commissariat des droits de l’homme, sont parfois confirmés pour les États, dans des circonstances limitées ».

Colville a aussi fait savoir que cela se faisait « tout en veillant à ce que les militants des droits de l'homme ne soient exposés à aucun danger, du fait des procédures du HCDH ».

Il a aussi dit : « Nous n'avons connaissance d'aucune preuve qu'une action du Commissariat à cet égard, ait nui à un participant ».

Colville a noté que « depuis 2015, cette pratique limitée a cessé », affirmant que les accusations de Riley de la poursuite de telles actions sont désormais considérées comme « fausses ».

Il a souligné qu'« au cours des cinq dernières années, le Commissariat n'a confirmé les noms des militants accrédités pour assister aux sessions du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à aucun pays ».

Et d'ajouter : « Mme Riley a été impliquée dans des poursuites devant le Tribunal indépendant des différends juridiques des Nations unies et la Cour d'appel des Nations unies, et un certain nombre de ces affaires sont toujours en cours ».

« De nombreuses allégations de Riley ont été rejetées par les décisions finales déjà rendues par ces tribunaux », a déclaré Colville.

Récemment, l'organisation internationale "Human Rights Watch" a déclaré dans son « Rapport mondial 2021 », que la Chine « vit son époque la plus sombre en matière des droits de l'homme depuis les événements de la place Tiananmen en 1989 ».

Dans son rapport, l'organisation a déclaré que la position de la Chine s'aggrave à l'égard des groupes ethniques dans des régions autonomes telles que le Turkestan oriental (Xinjiang), la Mongolie-intérieure et le Tibet.

La Chine contrôle le Turkestan oriental depuis 1949, où se trouve la minorité musulmane ouïghour qui compte 23 millions de Turcs. Ce territoire a depuis, été baptisé « Xinjiang », ce qui signifie « nouvelles frontières ».

Le département d'État américain, dans son rapport annuel sur les droits de l'homme de 2019, a déclaré que la Chine détenait des musulmans dans des centres de détention pour effacer leurs identités religieuses et ethniques, et les contraindre au travail forcé.

De son côté, la Chine avance généralement l'argument que les centres, qualifiés de « camps de concentration » par la communauté internationale, sont des « centres de formation professionnelle » et visent à « nettoyer l'esprit des détenus des idées extrémistes ».


*Traduit de l'arabe par Mounir Bennour.


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