Gaza:Macron et Starmer appellent à un cessez-le-feu immédiat et réaffirment leur attachement à la solution à deux États
– Paris et Londres se disent prêts à reconnaître un État palestinien pour relancer la paix.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont exprimé jeudi, lors d’une conférence de presse conjointe à la base militaire de Northwood (Royaume-Uni), une position commune sur le conflit au Proche-Orient.
À l’issue du 37ᵉ sommet franco-britannique, les deux dirigeants ont appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et réaffirmé leur attachement à une solution à deux États comme cadre pour une paix durable.
Emmanuel Macron a dénoncé « la continuation d’une guerre sans fin et sans objectif stratégique » qui, selon lui, « fait peser une menace grave pour la région et pour notre sécurité collective ».
Il a souligné que Gaza est aujourd’hui « le lieu d’une déshumanisation que rien ne peut justifier ».
Le chef de l’État français a réitéré son engagement en faveur de « la solution à deux États comme base d’une architecture de sécurité régionale qui permettra à Israël de vivre en paix et en sécurité avec ses voisins ».
Il a ajouté : « Je crois à la nécessité d’unir nos voix à Paris, à Londres et partout ailleurs pour reconnaître un État de Palestine et initier cette dynamique politique qui est la seule conforme à une perspective de paix ».
Keir Starmer a pour sa part qualifié la situation à Gaza d’« intolérable » et souligné « l’urgence d’un cessez-le-feu » ainsi que la nécessité d’« une aide en quantité, rapidement », sans oublier « la libération des otages qui sont détenus depuis très, très longtemps ».
Il a rappelé que « la reconnaissance de la Palestine est une politique à long terme du parti travailliste et de ce gouvernement » et affirmé : « Je ne pense pas qu’on pourra avoir une paix durable sans une solution à deux États ».
Dans un contexte marqué par les attaques israéliennes dans la bande de Gaza, les deux dirigeants ont affiché leur volonté commune de « mettre fin à l’enchaînement guerrier » et de favoriser la reprise d’un processus politique, appelant l’ensemble des acteurs régionaux à y contribuer.
Outre la question proche-orientale, ce 37ᵉ sommet franco-britannique a permis de réaliser des avancées significatives : la signature de la déclaration de Northwood sur le renforcement de la coopération bilatérale en matière de dissuasion nucléaire, un accord inédit pour gérer les flux migratoires en Manche, le renforcement de la coopération militaire et capacitaire via une force conjointe de 50 000 hommes, un soutien accru à l’Ukraine, et des partenariats économiques et culturels majeurs, dont la participation d’EDF au projet Sizewell C et l’exposition prochaine de la tapisserie de Bayeux au British Museum.
Ces annonces s’inscrivent dans la dynamique de réchauffement des relations franco-britanniques, symbolisée par cette visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, la première d’un Président français depuis dix-sept ans, que les deux parties présentent désormais comme l’illustration d’une nouvelle « entente amicale ».
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 7 100 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 57 600 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas.
La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré les condamnations internationales, les violations israéliennes persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire.
De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza. Ce dernier est toujours à la tête du gouvernement israélien.
Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération".
Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".