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Gaza: Tragédie humanitaire pour les enfants palestiniens à l'occasion de leur journée mondiale

- Orphelins, déplacés, affamés et privés de leurs droits fondamentaux, les enfants de Gaza subissent d'énormes souffrances dans le cadre des attaques israéliennes continues

Ikrame Imane Kouachi  | 05.04.2025 - Mıse À Jour : 06.04.2025
Gaza: Tragédie humanitaire pour les enfants palestiniens à l'occasion de leur journée mondiale

Istanbul

AA / Istanbul / Jomaa Younis et Ikram Kouachi

Alors que le monde célébrait, ce samedi 5 avril, la Journée des enfants palestiniens, les enfants de la bande de Gaza continuaient de subir les conséquences d’une offensive israélienne ininterrompue, les privant d’eau, de nourriture, d’accès à l’éducation et à leurs droits fondamentaux, et plongeant la région dans une tragédie humanitaire de grande ampleur.

Pendant que, dans d'autres régions du monde, les enfants préparent leurs cartables chaque matin, des milliers de petits Gazaouis se réveillent au son des explosions, au milieu des décombres, et reçoivent des alertes d’évacuation — lorsqu’ils ont encore un foyer à quitter.

Beaucoup d’entre eux n’ont plus le réconfort des bras de leurs parents : ils sont désormais orphelins.

Selon des rapports de défense des droits et des données statistiques, des dizaines de milliers d’enfants ont perdu un ou leurs deux parents depuis le début de la guerre qualifiée de génocidaire lancée par Israël le 7 octobre 2023.

Les autorités palestiniennes estiment que les femmes et les enfants représentent plus de 60 % des victimes de l’agression en cours. D’après le Bureau central palestinien des statistiques, les enfants de moins de 18 ans constituent 43 % de la population palestinienne, estimée à 5,5 millions d’habitants, dont 2,1 millions vivent à Gaza.

Cette guerre affecte tous les âges : des fœtus encore dans le ventre de leur mère aux prématurés dans les incubateurs, en passant par les nourrissons de moins d’un an.

Toujours selon le Bureau des statistiques, 17 954 enfants ont été tués depuis le début du conflit, dont 274 nourrissons. Par ailleurs, 876 enfants âgés de moins d’un an ont également perdu la vie.

Le 1er avril, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a rapporté la mort de 322 enfants et 609 blessés depuis la reprise des frappes israéliennes, après la rupture du cessez-le-feu par Israël le 18 mars.

La directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell, a déclaré que les enfants étaient à nouveau pris dans un cycle de violence meurtrier et a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire.


- Des nourrissons prématurés tués dans les hôpitaux

Le 10 novembre 2023, l’armée israélienne a pris d’assaut l’hôpital pour enfants al-Nasr, à Gaza-Ville, obligeant le personnel médical à évacuer les lieux. Cinq bébés prématurés ont alors été retrouvés morts, leurs corps en état de décomposition dans les incubateurs, après le retrait des soldats.

En plus des attaques, les enfants sont privés d’abris, de nourriture et d’eau. Le blocus israélien empêche l’entrée des produits de première nécessité, provoquant une faim généralisée.

Selon des responsables palestiniens, 52 enfants sont morts de faim ou de malnutrition. Environ 3 500 autres sont en danger de mort faute d’accès à la nourriture.

La destruction de plus de 88 % des infrastructures de Gaza, y compris les habitations, expose des familles entières aux rigueurs de l’hiver. Au moins 17 enfants sont morts à cause du froid, contraints de vivre dans des tentes de fortune.


- Perte d’éducation et de mobilité

Le droit à l’éducation a pratiquement disparu. Les écoles ont brièvement rouvert pendant un cessez-le-feu temporaire, mais ont été de nouveau fermées dès la reprise des attaques israéliennes.

Par ailleurs, la guerre a laissé des milliers d’enfants lourdement handicapés. Le roi Abdallah II de Jordanie a affirmé, le 2 mars, que Gaza compte désormais le plus grand nombre d’enfants amputés par habitant au monde.

Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a décrit la situation comme une « pandémie de handicaps », précisant que de nombreux enfants ont subi des amputations sans anesthésie.

Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a rapporté, le 23 mars, que 4 700 Palestiniens avaient été amputés depuis le début du conflit, dont 18 % sont des enfants.


- Une génération orpheline et traumatisée

Plus de 39 000 enfants ont perdu au moins un parent, et environ 17 000 sont désormais totalement orphelins, selon les données officielles. Beaucoup vivent sous des tentes déchirées ou parmi les ruines de leurs maisons, sans accès à une aide sociale ou à un soutien psychologique.

En février 2024, Jonathan Crickx, de l’UNICEF, a déclaré : « Chaque enfant a une histoire déchirante. »

Séparés de leurs parents par la mort ou l’arrestation, de nombreux enfants se retrouvent à la tête de leur foyer, contraints de subvenir eux-mêmes aux besoins les plus élémentaires. Des centaines d’entre eux ont dû se tourner vers le travail infantile.

Le 16 mars, l’UNICEF a tiré la sonnette d’alarme sur la peur extrême, l’anxiété et les traumatismes vécus par les enfants de Gaza.

Le 24 janvier, le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, a déclaré qu’« un million d’enfants ont besoin d’un soutien en santé mentale et psychosocial pour faire face à la dépression, l’anxiété et aux pensées suicidaires ».

« Des enfants ont été tués, affamés, et sont morts de froid. Une génération entière est traumatisée », a-t-il déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU.


* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba

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