
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Emmanuel Macron a déclaré ce vendredi que la situation humanitaire dans la bande de Gaza avait atteint un seuil « inédit » et « intolérable ». Lors d'une conférence de presse en marge du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana, le chef de l'État français a exhorté à un cessez-le-feu immédiat et à la réouverture des accès humanitaires, tout en affirmant qu’il s’entretiendrait prochainement avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
Par voie de déclaration, le Président français a rappelé avoir déjà dénoncé l’état d’urgence humanitaire lors de son déplacement à la frontière égyptienne, à Al-Arish. « Elle s’est aggravée », a-t-il constaté, ajoutant que les prochains jours seraient « déterminants » pour obtenir une désescalade. « Nous allons nous concentrer pour obtenir ce cessez-le-feu et la réouverture des chemins humanitaires », a-t-il indiqué, tout en précisant que cette priorité immédiate ne ferme pas la porte à d’autres réponses, y compris des sanctions.
Interrogé sur l’éventualité de mesures contre Israël, similaires à celles imposées à la Russie, Macron a reconnu que la question se posait légitimement. « Elle sera soulevée dans les semaines qui viennent », a-t-il répondu, renvoyant à une possible évolution de la position française selon les résultats des démarches actuelles.
Il a également affirmé avoir abordé la situation avec Donald Trump, dans une discussion séparée. L’objectif partagé avec Washington reste d’« obtenir un cessez-le-feu qui, jusqu’à début mars, avait permis de rouvrir les accès humanitaires », a souligné le président. Il a décrit l’urgence d’« arrêter les armes », de « soigner les blessés », d’« assurer l’accès à l’eau, à la nourriture, aux médicaments », toutes choses qui « ne sont plus possibles aujourd’hui ».
Alors que le Conseil de l’Europe a évoqué la famine à Gaza comme une stratégie « délibérée », la France choisit pour l’instant de concentrer ses efforts sur l'obtention d’une trêve. Mais le ton de Macron et ses récentes prises de position — qualifiant la politique israélienne de « honte » mardi soir — marquent un durcissement.
** Catastrophe humanitaire à Gaza
Pour rappel, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 3000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 53 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.