Gaza : Macron appelle Israël et le Hamas à mettre en œuvre le plan de cessez-le-feu américain
- « Les heures à venir seront décisives », a déclaré Emmanuel Macron

Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
Le président français Emmanuel Macron a salué jeudi à Paris « l’accord historique conclu à Charm el-Cheikh », lors d’une réunion ministérielle consacrée à la mise en œuvre du plan de cessez-le-feu américain pour mettre fin à la guerre à Gaza.
La rencontre, organisée au Quai d’Orsay, a réuni les ministres des Affaires étrangères du « Quint européen » (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), du « Quint arabe » (Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Jordanie, Qatar), ainsi que des représentants de l’Union européenne, du Canada et de la Türkiye.
« Vous vous retrouvez dans un jour crucial pour les peuples israélien et palestinien, pour le Moyen-Orient et pour tous ceux qui soutiennent la sécurité pour tous dans la région », a déclaré Emmanuel Macron en ouverture.
Le chef de l’État a félicité « le président Trump pour son engagement personnel, l’émir du Qatar, le Premier ministre Cheikh Mohammed et son équipe de négociateurs, le président Sissi et le président Erdogan pour leurs contributions cruciales à cet accord ».
Il a salué les efforts collectifs des pays présents, estimant que « cet accord, après deux années de calvaire insupportable pour les otages du Hamas et de souffrance indicible pour les Palestiniens à Gaza, doit permettre un cessez-le-feu permanent, la libération de tous les otages et un accès humanitaire immédiat à la bande de Gaza ».
- « Les heures à venir seront décisives »
Le président Français a appelé Israël à approuver le plan, qui offrirait « aux familles plongées dans l’attente inhumaine de leurs proches la perspective de retrouvailles » et « au peuple israélien la possibilité de voir enfin une autre perspective que la guerre permanente ».
« C’est le choix de l’intérêt du peuple israélien », a-t-il ajouté, appelant à la cessation des attaques et au retrait sur « la ligne convenue » pour permettre à l’aide humanitaire de circuler « sous l’égide des Nations unies, sans plus de contraintes ».
S’adressant au Hamas, Emmanuel Macron a souligné qu'il devait « tenir ses promesses de libérer tous les otages et respecter le cessez-le-feu ». Il a rappelé que « l’intérêt du peuple palestinien pour que cette guerre s’arrête est une évidence » et que « la responsabilité du Hamas dans cette catastrophe est immense ».
Le président français a assuré que cette réunion s’inscrivait « en complémentarité avec l’initiative américaine », estimant que « le président Trump a tracé une voie ambitieuse pour un accord global au Proche-Orient ».
Il a réaffirmé son soutien à « une solution politique fondée sur un État palestinien et la coexistence pacifique dans la région ».
Macron a évoqué l’initiative franco-saoudienne lancée avec le prince héritier Mohammed ben Salman et la Déclaration de New York, « qui a réuni 142 États prêts à soutenir cette vision, y compris le Liban et la Syrie ».
Le président a indiqué que les pays réunis à Paris étaient « prêts à contribuer à soutenir le plan de paix américain » à travers trois volets principaux : la gouvernance, la sécurité et la reconstruction.
S’agissant de la gouvernance, il a rappelé la nécessité d’« une appropriation palestinienne » et de « l’unité de Gaza et de la Cisjordanie sous l’autorité palestinienne ». Cette gouvernance « immédiate » devra « exclure complètement le Hamas » tout en intégrant l’Autorité palestinienne.
Concernant la sécurité, Emmanuel Macron a estimé que « le Hamas doit être désarmé » et que « c'est une étape essentielle vers un cessez-le-feu durable ».
Il a soutenu la création « d’une force internationale de stabilisation temporaire à Gaza », chargée de « former et d’équiper les forces de sécurité palestiniennes » en coopération avec la Jordanie et l’Égypte.
« La France est prête à y jouer un rôle », a-t-il affirmé, en remerciant les partenaires européens ayant manifesté leur volonté d’y participer. Paris, a-t-il précisé, travaille avec ses partenaires pour « renforcer les missions de paix de l’Union européenne ».
Macron a également insisté sur la nécessité d’un « cadre international onusien » afin de permettre à d’autres pays de contribuer à cet effort, jugeant que ce serait « une façon d’avancer ensemble ».
Abordant le troisième volet, le président français a souligné que la priorité devait être « la fourniture d’une aide vitale et le soutien à la reconstruction de Gaza ».
« La distribution de l’aide doit reprendre d’urgence, à une échelle beaucoup plus grande », a-t-il déclaré, précisant qu’elle devait transiter par « les Nations unies, le CICR et des organisations humanitaires indépendantes ».
Macron a appelé à « aider d’urgence l’Autorité palestinienne », confrontée à une grave crise financière, et à « stabiliser sa capacité à gouverner ». Il a mentionné une « coalition d’urgence » lancée avec l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite et d’autres pays pour soutenir la viabilité financière de l’Autorité palestinienne, en coordination avec l’Union européenne.
Il a insisté sur la nécessité de « libérer immédiatement les revenus de l’Autorité palestinienne », estimant qu’il s’agissait d’un « prérequis essentiel pour assurer la soutenabilité du plan américain ».
Enfin, le président français a mis en garde contre « l’accélération de la construction des colonies en Cisjordanie », qu’il a qualifiée de « menace existentielle pour l’État de Palestine » et d’« atteinte au droit international ».
« Elle alimente les tensions, la violence, l’instabilité et contredit le plan américain », a-t-il ajouté, estimant qu’elle met aussi « en danger les accords d’Abraham ».
Macron a conclu en appelant à « rester vigilants sur la situation en Cisjordanie » et à poursuivre « un engagement méthodique et exigeant » pour consolider la paix.
« La France tiendra à vos côtés », a-t-il assuré, remerciant les ministres présents à Paris pour « leur mobilisation et leur présence aux côtés de leur homologue français ».
Depuis octobre 2023, l’armée israélienne a tué près de 67.200 Palestiniens, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Les bombardements incessants ont rendu l’enclave quasiment inhabitable et entraîné des déplacements massifs, la famine ainsi que la propagation de maladies.
Le 29 septembre, le président américain Donald Trump a présenté un plan de cessez-le-feu en 20 points pour Gaza, prévoyant notamment la libération de tous les captifs israéliens en échange d’environ 2 000 prisonniers palestiniens, un cessez-le-feu permanent et le retrait progressif des forces israéliennes de l’ensemble de la bande de Gaza.
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