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Gaza : Lecornu rejette les accusations de « complicité de génocide »

– Le Premier ministre français a répliqué avec fermeté aux accusations de Mathilde Panot.

Ümit Dönmez  | 14.10.2025 - Mıse À Jour : 14.10.2025
Gaza : Lecornu rejette les accusations de « complicité de génocide »

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Sébastien Lecornu a rejeté mardi à l’Assemblée nationale les propos de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, l’accusant de faire de la France une « complice d’un génocide » dans la bande de Gaza.

Lors du débat qui a suivi son discours de politique générale, le Premier ministre français a ainsi répondu aux accusations : « Je ne peux pas accepter de dire que la France a participé à un génocide à Gaza (...) Arrêtez de caricaturer et de mentir sur la position de la France sur un sujet aussi grave. »

Cette prise de position intervient dans un climat particulièrement sensible, où plusieurs ONG, juristes et médias ont pointé la responsabilité de la France dans les violences à Gaza, notamment à travers la fourniture de matériel militaire à Israël.

En septembre 2025, l’association Juristes pour le respect du droit international (Jurdi) a déposé un recours contre l’État français devant le tribunal administratif de Paris, estimant que la France avait violé ses obligations issues de la Convention de 1948 sur la prévention du génocide. Le recours souligne l’absence de mesures prises pour empêcher les actes de violence contre les civils palestiniens et le maintien d’autorisations d’exportation d’armements à destination d’Israël.

Parallèlement, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a porté plainte contre la société française Eurolinks, soupçonnée d’avoir fourni des composants pour des mitrailleuses utilisées à Gaza, dans des frappes contre des civils. Cette plainte se base en partie sur les enquêtes de Disclose, média d’investigation qui a publié plusieurs révélations depuis la fin 2023.

Disclose avait révélé que des composants fabriqués en France — notamment les maillons M27 servant à relier des cartouches — ont été livrés à l’armée israélienne et pourraient avoir été utilisés dans des drones d’attaque responsables de frappes sur des zones civiles. L’enquête fait état d’au moins huit frappes meurtrières documentées.



- Une question posée par Anadolu

Alors ministre des Armées, Sébastien Lecornu avait déjà été interrogé par Anadolu sur ces révélations de Disclose, notamment sur les exportations françaises de composants militaires à Israël. Le ministre avait alors indiqué que les licences d’exportation ne donnaient pas droit à une utilisation offensive par l’armée israélienne, et que les équipements concernés étaient « à double usage ou non létaux ».

Lecornu avait ajouté que « la France respecte strictement ses engagements internationaux » et rappelé que chaque livraison faisait l’objet d’un contrôle. Cependant, aucun audit public ou suspension formelle de ces exportations n’avait été annoncé dans les mois suivants, malgré les appels de plusieurs ONG.


Si le gouvernement français dément toute complicité, les critiques se sont multipliées sur la scène internationale. Une coalition de plus de vingt ONG, dont Médecins sans frontières (MSF), a appelé les dirigeants occidentaux à « agir face aux conclusions de l’ONU sur le risque de génocide à Gaza », accusant plusieurs États de soutenir militairement Israël.

En juin, plus de 100 avocats ont demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête à l’encontre de responsables français, dont le président Emmanuel Macron, pour leur « inaction face aux exactions à Gaza ».

Du côté diplomatique, la France a reconnu l’État palestinien dans le cadre d’une initiative conjointe menée avec l’Arabie saoudite, visant à relancer une dynamique politique fondée sur la solution à deux États. Cette reconnaissance s’accompagne d’un effort diplomatique plus large, destiné à créer les conditions d’un règlement durable du conflit.

La semaine dernière, Paris a accueilli une conférence internationale réunissant des représentants de plusieurs pays afin de soutenir un cessez-le-feu à Gaza et d’aborder les questions liées à la reconstruction, à la gouvernance et à la sécurité dans l’enclave palestinienne.



- Situation humanitaire à Gaza

Pour rappel, un cessez-le-feu dans la bande de Gaza a récemment été établi entre le gouvernement israélien et des groupes palestiniens. Selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza, en Palestine, plus de 67.700 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque meurtrière attribuée au Hamas.

La majorité des victimes palestiniennes sont des enfants et des femmes, tandis que des centaines de civils ont été abattus dans des zones de distribution d’aide humanitaire ces derniers mois. Ces événements interviennent dans un contexte humanitaire dramatique à Gaza, alors que retentissent les appels internationaux pour un cessez-le-feu et une intensification du flot d’aide.

Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré en juillet que Gaza est confrontée à « une mort et une destruction sans précédent », que « la malnutrition est en forte hausse » alors que le système d'aide s'est effondré.

La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide et de permettre l’accès à l’aide humanitaire. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, en juillet, les mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant, les accusant de crimes de guerre, notamment d’avoir utilisé la famine comme méthode de guerre.


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