AA/Gaza/Hosni Nadim/ Mohammad Sio

La municipalité de Gaza a averti mercredi que la cité fait face à une « réalité catastrophique » après la destruction de plus de 80 % de ses infrastructures depuis octobre 2023 par les attaques israéliennes.

Elle a appelé à la mise en place immédiate d’un pont terrestre, maritime et aérien pour permettre l’acheminement du matériel et de l’aide humanitaire dans l’enclave.

La municipalité a lancé une campagne visant à rouvrir les principales artères et à dégager les décombres dans le cadre d’une phase de relèvement précoce, immédiatement après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu vendredi, a déclaré à Anadolu son porte-parole, Husni Mehanna.

« L’initiative nécessite un financement urgent de 140 millions de dollars », a-t-il précisé.

Selon les dernières statistiques du bureau des médias du gouvernement de Gaza, l’armée israélienne a frappé l’enclave avec plus de 200 000 tonnes d’explosifs, y compris des bombes de 200 livres interdites par les conventions internationales, depuis le début de la guerre en octobre 2023.

Mehanna a indiqué que la municipalité collabore avec le Comité qatari pour la reconstruction de Gaza afin de faciliter le retour des habitants déplacés, bien qu’elle ne dispose plus que d’un seul bulldozer lourd après la destruction de la quasi-totalité de son matériel. Elle doit désormais recourir à la location d’équipements auprès du secteur privé.

Le porte-parole a estimé que 80 à 85 % des infrastructures de la ville ont été endommagées, soulignant que l’armée israélienne a détruit plus de 810 kilomètres de routes urbaines, réduites à l’état de chemins de terre.

Il a rapporté que 56 puits d’eau ont été détruits, des dizaines d’autres endommagés, ainsi que quatre réservoirs principaux et plus de 110 000 mètres de canalisations. Ces destructions ont provoqué une pénurie de 85 % de l’approvisionnement en eau, privant des quartiers entiers d’accès pendant plusieurs jours.

Plus de 250 000 tonnes de déchets solides s’accumulent dans les zones résidentielles, a-t-il ajouté, avertissant d’une catastrophe environnementale et sanitaire imminente si les équipes municipales ne sont pas autorisées à accéder à la décharge de Jihar al-Dik, située dans la partie orientale de la ville sous occupation israélienne.

Mehanna a indiqué que 85 % des véhicules municipaux ont été détruits, le reste étant hors d’usage, et a mis en garde contre un effondrement total des services essentiels si les engins et le carburant n’étaient pas livrés immédiatement.

Il a appelé à la création d’un pont terrestre, maritime et aérien pour acheminer le matériel et l’aide, soulignant que l’ampleur des destructions dépasse les capacités des autorités locales et nécessite une intervention internationale urgente.

La semaine dernière, le président américain Donald Trump a annoncé qu’Israël et le Hamas étaient parvenus à un accord sur la première phase du plan qu’il avait présenté le 29 septembre, prévoyant un cessez-le-feu à Gaza, la libération de tous les captifs israéliens contre des prisonniers palestiniens et un retrait progressif des forces israéliennes de l’ensemble de la bande de Gaza. La première phase est entrée en vigueur vendredi.

La deuxième phase du plan prévoit la mise en place d’un nouveau mécanisme de gouvernance à Gaza, sans participation du Hamas, la formation d’une force multinationale et le désarmement du mouvement.

Depuis octobre 2023, les attaques israéliennes ont fait près de 68 000 morts dans l’enclave, majoritairement des femmes et des enfants, et ont rendu Gaza en grande partie inhabitable.

*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir