Gaza : Des civils « abattus et écrasés » en tentant d’accéder à l’aide humanitaire, dénonce l’UNRWA
– L’agence onusienne réclame une enquête sur les civils tués par Israël.

France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Des civils palestiniens ont été « abattus et écrasés par des camions » alors qu’ils tentaient de récupérer la nourriture que les autorités israéliennes ont autorisé à entrer dans la bande de Gaza, a dénoncé l’UNRWA dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux ce jeudi.
L’agence onusienne appelle à des enquêtes sur les morts et blessures infligées par les forces israéliennes à des Palestiniens au cours de la distribution alimentaire. « La livraison d’aide doit être sûre, digne et accessible à tous. Laissez l’ONU, y compris l’UNRWA, faire le travail », martèle l’organisation.
Dans un contexte de blocus strict imposé par Tel Aviv, les distributions de nourriture à Gaza se déroulent désormais dans quelques points fortement militarisés, souvent organisés sous contrôle israélien ou par des structures externes comme la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Ce système a été vivement critiqué par les ONG, des responsables onusiens et plusieurs médias internationaux.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a jugé ce dispositif « fondamentalement dangereux et meurtrier » et appelé à une révision immédiate des conditions d’acheminement. Selon les sources onusiennes, au moins 600 civils palestiniens ont été tués depuis fin mai en tentant d’accéder à l’aide alimentaire, et plus de 4 000 blessés.
Des témoignages relayés par nombre de médias dont Anadolu évoquent des tirs à balles réelles, des grenades assourdissantes et l’utilisation de gaz lacrymogène contre des foules affamées. Des agents de sécurité contractés auraient été impliqués dans certaines de ces violences.
En réponse à ces critiques, l’armée israélienne a reconnu que des civils avaient été touchés, tout en affirmant que les forces visaient uniquement des menaces identifiées, une version des faits fortement contestées par les ONG et instances onusiennes.
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué près de 6 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 57 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas.
La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré les condamnations internationales, les violations israéliennes persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza. Ce dernier est toujours à la tête du gouvernement israélien.
Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".