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Gaza : des cimetières, autrefois lieux des morts, servent d’abris aux survivants face aux déplacements forcés

- « Israël adore torturer les gens. Nous faisons comme nous pouvons pour survivre », affirme un Palestinien, contraint de fuir les attaques israéliennes

Gülşen Topçu, Doaa Albaz  | 21.09.2025 - Mıse À Jour : 21.09.2025
Gaza : des cimetières, autrefois lieux des morts, servent d’abris aux survivants face aux déplacements forcés

Gazze

AA / Gaza / Gulsen Topcu et Doaa Albaz

À Gaza, où l’armée israélienne a lancé des attaques terrestres après des bombardements aériens, les Palestiniens déplacés dans le sud tentent de survivre dans des conditions extrêmement difficiles.

Depuis la création d’Israël en 1948, l’exode incessant des Palestiniens se poursuit. Avec la Nakba (la « Grande catastrophe »), de nombreux Palestiniens ont dû quitter leurs maisons dans différentes régions pour se réfugier dans la bande de Gaza et commencer à vivre dans des camps de réfugiés.

Cette migration forcée se poursuit, 77 ans plus tard, à pleine vitesse. Près de 2,3 millions de Palestiniens laissent derrière eux tout ce qu’ils possèdent par peur pour leur vie et reprennent encore et encore la route.

Le point le plus touché par cet exode est actuellement la ville de Gaza, où Israël a activement mis en œuvre son plan d’occupation. De là, un flux massif de personnes se dirige vers le sud.

Ceux qui fuient la machine de mort israélienne se retrouvent dans les zones d’arrivée, confrontés à une lutte encore plus désespérée. Les Palestiniens peinent à trouver un abri dans le sud de Gaza, où les attaques et le blocus israéliens ont encore restreint leur espace de survie.

Les gens ne peuvent plus chercher des endroits où planter leurs tentes en se souciant de respecter la dignité humaine. Leur unique objectif est désormais "de survivre".

De nombreux Palestiniens, fuyant le nord avec cet état d’esprit, ont installé leurs tentes au cimetière Beit Derras à Khan Younes. Cette scène illustre parfaitement l’expression que répètent sans cesse les habitants de Gaza : « Nous sommes des morts-vivants ».

- Morts et vivants côte à côte

Halid ed-Dali, venu avec sa famille du camp de réfugiés de Shati à Gaza, a expliqué : « Nous avons fui en raison de l’intensité des bombardements : frappes aériennes, tirs d’artillerie au sol… partout semblait être sur la ligne de feu. Nous avons pris ce que nous pouvions, le reste est resté derrière. Nous sommes arrivés ici, à Han Younes, au cimetière. »

Halid a raconté qu’il avait fait des dettes pour acheter une tente à 2 000 shekels (monnaie nationale de l'État d'Israël), dépensant toutes ses économies pour se retrouver finalement dans le « cimetière ».

« Il n’y a pas de lieu sûr à Gaza », a-t-il ajouté. « Ces histoires de sécurité sont des paroles vaines. Israël adore torturer les gens. Nous faisons comme nous pouvons pour survivre. Un camion-citerne viendra, nous remplirons l’eau… C’est ainsi. Nous allons vivre au milieu des morts dans le cimetière. Avec ma famille, c’est le seul endroit que nous avons trouvé. Morts et vivants resteront côte à côte. »

Yusuf ed-Dali, l’un des enfants de la famille Dali, a expliqué qu’après un long trajet à pied, ils n’avaient plus la force de rester debout.

Il a raconté que beaucoup de gens se retrouvaient dans les rues, poursuivant : « Nous allons rester au cimetière. Ils amènent les morts ici. Nous ne savons pas s’ils vont enterrer les corps à côté de notre tente ou ailleurs ».

- « Même malade, âgé ou alité, tu es obligé de fuir »

Muna Ebu Leyle, résidente de Beit Lahia et ayant été déplacée à plusieurs reprises, a raconté qu’elle avait dû fuir « d’un endroit à l’autre » à cause des attaques. Lors des frappes visant des immeubles à plusieurs étages, des obus ont touché leur tente. Elle a expliqué être partie sans pouvoir emporter ni lit ni couverture, et s’être retrouvée au cimetière.

Velid Hasan, personne âgée, malade et alitée, a, lui aussi, été contraint de fuir au moment le plus difficile de sa vie, alors qu’il avait le plus besoin de soins. Souffrant de diabète, de problèmes cardiaques et de cancer, et incapable de trouver nourriture ou boisson, il a déclaré : « La fuite est très difficile. Notre maison est partie, il ne nous reste rien sur cette terre », racontant les épreuves qu’il traverse dans ses derniers jours.


*Traduit du turc par Ben Amed Azize Zougmore

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