Gaza, Cisjordanie : Paris alerte sur une situation « terrifiante » et réaffirme son soutien à deux États
- Le porte-parole du Quai d’Orsay a également évoqué les relations UE-Israël.

France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Paris alerte sur la situation « terrifiante » à Gaza et en Cisjordanie, où la détresse humanitaire s’aggrave, tout en réaffirmant que la solution politique doit passer par l’existence de deux États, israélien et palestinien.
Lors de son point presse hebdomadaire, ce jeudi, le porte-parole du Quai d’Orsay, Christophe Lemoine, a salué les « efforts entrepris par l’Union européenne pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza », insistant sur « l’obligation de permettre un retour de l’aide de manière libre et massive ».
« La situation actuelle à Gaza est une situation terrifiante pour les populations civiles », a-t-il affirmé, soulignant que « les besoins de la population gazaouie sont énormes » et que « l’aide qui rentre actuellement dans le territoire n’est pas suffisante ».
- Gaza Humanitarian Foundation
Interrogé sur la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), Lemoine a précisé que « ce n’est pas la solution qui a la préférence de la France », réaffirmant « un soutien complet à une distribution de l’aide humanitaire par les agences des Nations Unies », notamment l’UNRWA, le PAM et l’UNICEF.
La GHF, soutenue notamment par les États-Unis et Israël, est accusée d’avoir mis en place un modèle de distribution « militarisé » et dangereux, avec un nombre très élevé de morts ou blessés parmi les civils rassemblés aux centres d’aide — plusieurs centaines selon l’ONU et les autorités sanitaires palestiniennes — et des tirs de l’armée israélienne visant les populations affamées. Ses méthodes sont également critiquées pour avoir contourné les canaux humanitaires traditionnels de l’ONU, pour leur manque de neutralité, d’impartialité et de transparence — y compris des démissions internes, des préoccupations sur la privatisation de l’aide, et des appels au démantèlement émanant de plus de 170 ONG.
Lemoine a également dénoncé toute tentative « d’instrumentaliser politiquement l’aide humanitaire », rappelant qu’Israël « doit permettre l’entrée dans la bande de Gaza de l’ensemble de l’aide humanitaire ».
- UE-Israël
Au sujet des relations entre l’Union européenne et Israël, Christophe Lemoine a souligné que « l’article 2 de l’accord d’association UE-Israël contient toutes les dispositions relatives au respect des droits de l’homme », précisant qu’un mécanisme de réexamen avait été enclenché en mai dernier et que « la question se pose maintenant aux États membres qui devront examiner si ces obligations sont respectées ».
Concernant les échanges commerciaux avec les territoires occupés, il a rappelé que ces questions relèvent de la compétence européenne, ajoutant : « La France appelle les entreprises françaises à la plus grande vigilance ». Il a confirmé que la France n’a pas soutenu la lettre de huit États membres demandant à la Commission européenne de revoir sa position, mais qu’elle « exprimera sa position » lors de la prochaine réunion des 27 ministres des Affaires étrangères.
- Solution à deux États
Sur le plan politique, Christophe Lemoine a réaffirmé la ligne de Paris : « Historiquement, la France soutient la solution à deux États », car « c’est la seule solution qui permet de garantir de manière stable et durable la sécurité tant aux populations palestiniennes qu’aux populations israéliennes ».
Il a rejeté l’idée d’une solution alternative à un seul État : « Cela ne nous semble pas correspondre au droit international applicable, ni être une solution pragmatique qui respecte les droits des populations gazaouies ».
Lemoine a rappelé la préparation d’une conférence internationale, co-présidée par la France et l’Arabie saoudite, issue d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies et initialement prévue le 18 juin dernier avant d’être reportée.
« Cette conférence a pour objet de relancer la discussion politique », a-t-il expliqué, « pour obtenir un cessez-le-feu, la libération des otages, permettre une entrée massive de l’aide humanitaire, et enclencher une dynamique politique sur plusieurs volets ». Parmi ceux-ci : « la reconnaissance de l’État palestinien », « le renouvellement de la gouvernance de l’Autorité palestinienne » et « le désarmement du Hamas ».
Enfin, il a condamné les déclarations récentes du Premier ministre israélien affirmant Benyamin Netanyahu qu’Israël maintiendrait l’occupation à Gaza : « Nous avons toujours été farouchement opposés à toute occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie qui, selon nous, est contraire au droit international et que nous condamnons ».
- Situation humanitaire à Gaza
Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué plus de 7 100 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 57 600 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas.
La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré les condamnations internationales, les violations israéliennes persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza. Ce dernier est toujours à la tête du gouvernement israélien.
Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".