Gaza: 22 pays dénoncent le blocus israélien
- « La distribution de l’aide humanitaire doit reprendre sans entrave », lit-on dans un communiqué conjoint

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
« La distribution de l’aide humanitaire doit reprendre sans entrave » : dans une déclaration conjointe publiée le 21 mai, 22 pays donateurs et plusieurs représentants de l’Union européenne ont exhorté Israël à permettre l’accès immédiat de l’aide humanitaire à la bande de Gaza.
Par voie d’un communiqué, les ministres des Affaires étrangères de pays comme la France, l’Allemagne, le Canada, le Japon ou encore la Norvège ont dénoncé un blocage prolongé de plus de deux mois par Israël, empêchant l’entrée de vivres, de médicaments et d’autres fournitures essentielles. Ils alertent sur une situation critique : « Les stocks de nourriture, de médicaments et de fournitures essentielles sont épuisés. La population de Gaza est exposée à la famine. »
Les signataires saluent le travail des Nations Unies et des ONG qui ont continué à opérer « avec un grand courage, au péril de leur vie », malgré des conditions d’accès extrêmement difficiles. Ils insistent sur le respect des principes humanitaires universels – neutralité, indépendance, impartialité et humanité – et rappellent que ces organisations « disposent de la capacité logistique, de l’expertise et de la capabilité opérationnelle nécessaires ».
La déclaration critique également un nouveau dispositif israélien pour l’acheminement de l’aide. « Ce modèle met en danger les bénéficiaires et le personnel humanitaire », dénoncent les auteurs, estimant qu’il affaiblit l’indépendance des Nations Unies, associe l’aide à des objectifs politiques et militaires, et ne répond ni à l’urgence ni à l’échelle des besoins.
Tout en exigeant la levée immédiate du blocus, les signataires réitèrent leur exigence que les otages toujours détenus par le Hamas soient libérés sans délai. Ils insistent également sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et rappellent que « la solution à deux États est le seul moyen d’apporter la paix et la sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens ».
Pour rappel, Israël aurait récemment autorisé une reprise très partielle et largement insuffisante de l'accès à l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, après plus de deux mois de blocus total. Le 20 mai 2025, les Nations unies ont annoncé avoir reçu l'autorisation d'Israël pour faire entrer 93 camions d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne, via le point de passage de Kerem Shalom, une aide qui resterait largement insuffisante.
Pendant ce temps, le chef de l’OCHA, Tom Fletcher, a déclaré mardi à l’émission Radio 4 Today de la BBC que 14 000 bébés à Gaza pourraient mourir dans les prochaines 48 heures si les camions d’aide n’atteignaient pas les communautés de l’enclave.
Israël bloque depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un « effondrement total » de l’aide humanitaire et dénoncent « l’un des pires échecs humanitaires de notre génération ». Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’« aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza ».
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 3000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 53 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.