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Génocide à Gaza: un élu français arrêté à l’aéroport de Bâle-Mulhouse pour apologie du terrorisme

- En France, entre octobre 2023 et janvier 2024, 626 enquêtes pour apologie du terrorisme ont été ouvertes, dont 80 ont conduit à des poursuites contre des soutiens de la cause palestinienne

Ayvaz Çolakoğlu  | 03.05.2025 - Mıse À Jour : 03.05.2025
Génocide à Gaza: un élu français arrêté à l’aéroport de Bâle-Mulhouse pour apologie du terrorisme Source: X / Ismael Boudjekada / @iboudjekada

Ankara

AA/Ankara

Ismaël Boudjekada, conseiller municipal d’opposition à Grand-Charmont (Doubs), a été interpellé ce samedi matin à l’aéroport international de Bâle-Mulhouse, selon un post publié sur X par le compte @SpectateursFr.

Il est accusé d’"apologie du terrorisme" en raison de ses prises de position publiques en faveur de la décolonisation et de la cause palestinienne. Placé en garde à vue, il devrait être présenté au parquet national antiterroriste dans la journée. Les autorités n’ont pas encore confirmé officiellement ces informations.

Cette arrestation intervient dans un climat de répression accrue des voix pro-palestiniennes en France. Depuis le 7 octobre 2023, date des attaques du Hamas contre Israël, les autorités françaises ont intensifié les poursuites pour apologie du terrorisme. Une circulaire du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, datée du 10 octobre 2023, a appelé à sanctionner tout discours public vantant les actions du Hamas ou les présentant comme une "légitime résistance".

Entre octobre 2023 et janvier 2024, 626 enquêtes pour apologie du terrorisme ont été ouvertes, dont 80 ont conduit à des poursuites.

Les critiques, notamment de La France insoumise (LFI), de la CGT et de la Ligue des droits de l’Homme, dénoncent une instrumentalisation de la justice pour criminaliser les opinions pro-palestiniennes.

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a exprimé en avril 2024 ses inquiétudes sur la confusion entre apologie du terrorisme et prises de position géopolitiques.

Depuis le 7 octobre 2023, plusieurs figures publiques ont été poursuivies ou convoquées en France pour apologie du terrorisme en raison de leurs déclarations sur le conflit israélo-palestinien.

Mathilde Panot, députée LFI, a été convoquée en avril 2024 pour un communiqué qualifiant l’attaque du Hamas d’"offensive armée", mais la plainte a été classée sans suite en janvier 2025.

Rima Hassan, eurodéputée LFI, a fait l’objet d’une enquête pour des propos pro-palestiniens.

Mohamed Makni, élu à Échirolles, a été jugé pour un post Facebook de 2023 présentant les actions du Hamas comme de la "résistance".

Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la CGT Nord, a été condamné à un an de prison avec sursis pour un tract, verdict actuellement en appel.

Danièle Obono et Thomas Portes, députés LFI, ont été visés pour avoir qualifié le Hamas de "mouvement de résistance" et pour des propos lors de manifestations, la plainte contre Obono étant classée sans suite.

Le politologue François Burgat a été poursuivi pour des publications sur X, avec une réquisition de huit mois de prison avec sursis. Les militants Anasse Kazib et la journaliste Sihame Assbague, ainsi que l’ex-basketteuse Émilie Gomis, convoquée pour une story Instagram critique d’Israël, ont également été ciblés. Gomis a perdu son rôle d’ambassadrice des JO2024.

Des dizaines d’activistes moins connus et le Nouveau Parti Anticapitaliste ont aussi fait l’objet d’enquêtes, illustrant une répression élargie.

Les poursuites pour apologie du terrorisme soulignent une tension entre la lutte contre le terrorisme et la liberté d’expression. Les critiques estiment que cette répression cible des discours politiques, limitant le débat sur la Palestine et la politique israélienne.

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