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France / Grève à l'hôpital Beaujon : les personnels mobilisés contre les mobilités forcées

- À Clichy, les agents de l’hôpital Beaujon protestent contre les déplacements forcés et pour le respect des plannings.

Ümit Dönmez  | 23.10.2024 - Mıse À Jour : 23.10.2024
France / Grève à l'hôpital Beaujon : les personnels mobilisés contre les mobilités forcées

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Le personnel de l’hôpital Beaujon, à Clichy (Hauts-de-Seine), est en grève depuis le 14 octobre. Les grévistes demandent l’arrêt des mobilités forcées et le respect des plannings de travail.

Par voie d’un communiqué, la CGT a dénoncé « les déplacements constants des agents d’un service à un autre pour combler le manque de moyens humains ». Selon les grévistes, « les roulements de travail ne sont plus respectés », générant une situation insoutenable pour le personnel.

Le 3 octobre, lors d’une assemblée générale avec l’intersyndicale CGT-FO-SUD, environ 50 agents ont envahi le bureau du directeur pour obtenir des réponses. Ce dernier a tenté de « discuter seul avec les organisations syndicales », mais les syndicats ont opposé un refus ferme, exigeant que les discussions aient lieu avec l’ensemble du personnel : « Soit il discute avec tout le monde, soit c’est la grève ».

Depuis, trois nouvelles assemblées générales ont eu lieu, réunissant à chaque fois près d'une centaine de personnes, dont des usagers. Chaque matin, un piquet de grève est installé dès 7h dans le hall de l’hôpital, offrant un lieu de rassemblement pour les grévistes et leurs soutiens. Un stand de vente de petit déjeuner a été mis en place, et les recettes alimentent directement la caisse de grève. Une cagnotte en ligne a également été créée pour soutenir le mouvement, selon la CGT.

L’intersyndicale vise désormais à « élargir le mouvement à la population », et le député LFI Aurélien Saintoul des Hauts-de-Seine s'est joint aux manifestants lors d’un rassemblement le 17 octobre. La grève, quant à elle, semble destinée à se prolonger.

Un drame récent illustre la situation critique au sein de l’hôpital, selon un représentant syndical de Force ouvrière. Ce dernier rapporte qu'une infirmière a perdu ses jumeaux suite à une fausse couche, après avoir travaillé plusieurs jours dans un service en sous-effectif, malgré plusieurs alertes.

Cette mobilisation soulève des questions profondes sur les conditions de travail dans les hôpitaux publics, alors que les personnels dénoncent une dégradation continue de leurs moyens.



- Crise du secteur de la santé

D’après une enquête menée par SAMU-Urgences de France (SUdF), 61 % des services d’urgence ont dû fermer au moins une ligne médicale entre juillet et août, affectant 84 départements. Cette situation s’inscrit dans une crise profonde liée à la pénurie de personnel médical et de lits hospitaliers, qui dure depuis plusieurs années.

Par voie d’un communiqué publié en septembre, SUdF a alerté sur les graves conséquences de ces fermetures, qui ont touché 202 des 331 établissements sondés, soit près de 48 % des structures d'urgence du pays. Sur les 202 établissements concernés, 18 % ont fermé plusieurs lignes médicales, avec des répercussions directes sur la prise en charge des patients. En outre, 34 % des services ont dû réguler l’accès aux urgences par le SAMU afin de limiter l’afflux de patients, une mesure qui, selon les médecins interrogés, a réduit de 15 à 20 % les admissions de cas jugés non graves.

Pour rappel, les syndicats du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes avaient dénoncé, en août, le décès de quatre patients cet été en raison de l'engorgement des urgences de l'hôpital.

La crise des urgences ne s'est pas limitée au CHU de Nantes. L'ancien ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention de France, Frédéric Valletoux, avait reconnu auprès du journal Ouest-France qu'une "cinquantaine d'hôpitaux sont actuellement en tension" à travers la France. Il avait toutefois souligné que la situation était meilleure que l'été 2023, notamment grâce aux mesures issues de la mission flash sur les urgences. Ces mesures incluent la revalorisation des gardes de nuit et des heures travaillées les dimanches et jours fériés, qui commencent à "porter leurs fruits", selon l'ex-ministre. Cette déclaration a toutefois été contestée par les syndicats, estimant que la crise des hôpitaux est plus importante qu'annoncée, sans amélioration remarquée.


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