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Franco-israélien soupçonné de torture à Gaza : Le Quai d'Orsay met en avant "l'indépendance" de la justice

- Interrogé par Anadolu, le porte-parole adjoint de la Diplomatie française, Christophe Lemoine, a qualifié de "choquante et abjecte", une vidéo récemment partagée sur les réseaux sociaux.

Ümit Dönmez  | 21.03.2024 - Mıse À Jour : 22.03.2024
Franco-israélien soupçonné de torture à Gaza : Le Quai d'Orsay met en avant "l'indépendance" de la justice

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Le ministère français des Affaires étrangères a mis en avant, ce jeudi, "la compétence" et "l'indépendance" de la Justice française au sujet du citoyen franco-israélien soupçonné de torture dans la bande de Gaza, en Palestine.

Interrogé par le correspondant d'Anadolu, lors de son point presse hebdomadaire, le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Christophe Lemoine est revenu sur une vidéo diffusée récemment sur les réseaux sociaux, dans laquelle on peut entendre un homme qui se présente comme un soldat franco-israélien dans la bande de Gaza, se moquant et insultant au moins un Palestinien, gravement blessé, torturé, les yeux bandés.

"Cette vidéo est choquante et abjecte", a d'abord tenu à souligner le diplomate avant d'évoquer "l'éventuelle suite judiciaire".

"C'est ce que je mentionnais dans mon propos liminaire : c'est la Justice française qui est compétente pour connaître des crimes commis par des ressortissants français à l'étranger et conformément au principe constitutionnel de séparation des pouvoirs, elle exerce cette compétence de manière indépendante", a tenu à souligner Christophe Lemoine.


- Dossier du Franco-israélien soupçonné de torture

Pour rappel, le député La France Insoumise (LFI) Thomas Portes a annoncé, ce mercredi, qu'il saisit la Justice française contre un Franco-israélien soupçonné de torture dans la bande de Gaza, en Palestine.

"Je saisis immédiatement la procureure de la République de Paris pour qu’une enquête soit ouverte pour participation à des crimes de guerre et actes de torture", a déclaré le député de gauche dans une publication sur X.

En complément de sa publication, Thomas Portes a également partagé un tweet de Taoufiq Tahani, président d'honneur de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS). Dans celui-ci, le dirigeant de l'AFPS a salué le "travail minutieux" du journaliste indépendant Younis Tirawi, qui "a révélé l'identité du criminel franco-israélien qui a participé récemment aux crimes et aux tortures de l'hôpital al-Shifa", dans la bande de Gaza.

"Il s'agit de Samuel Ohnona. Samuel est fier d'avoir infligé toute sorte de torture au personnel médical d'al-Shifa", lit-on dans la publication de Taoufiq Tahani.

Ce mercredi, le journaliste Younis Tirawi a partagé des extraits de sa conversation téléphonique avec le Franco-israélien en question. Ce dernier déclare qu'il est "très heureux que la vidéo ait été publiée, comme ça vous savez dans le monde entier que lorsqu'on attrape des terroristes, on les torture".

Dans sa publication sur X, le journaliste indépendant ajoute qu'il a "identifié l'homme qui a partagé la vidéo" et qu'"il s'appelle Samuel Ohnona".

"Il a admis qu'il est un soldat et qu'il torture les [personnes] kidnappées", précise Younis Tirawi.

La journaliste indépendante Meriem Laribi a interrogé, ce mercredi, la porte-parole du Gouvernement français, à propos de cette vidéo. En réponse à sa question, Prisca Thevenot a redirigé la journaliste vers le Quai d'Orsay.


- Torture en Palestine

Pour rappel, de nombreux témoignages font état de tortures par les forces israéliennes dans la bande de Gaza, en Palestine. Parmi ces témoignages, le Groupe des prisonniers palestiniens a accusé Israël, lundi 11 mars, de continuer à affamer plus de 9 100 prisonniers depuis le 7 octobre, jusqu'à ce mois de Ramadan, "en plus de la torture et des mauvais traitements".

Depuis le début de la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza, le 7 octobre 2023, et selon un bilan établi il y a onze jours, l'armée israélienne a arrêté 7 530 Palestiniens, dont certains avaient été libérés, alors que d'autres sont toujours en détention.

L'armée israélienne a également intensifié ses incursions et ses interpellations en Cisjordanie au cours de la même période, provoquant des affrontements avec les Palestiniens, qui ont tué 425 Palestiniens et blessé environ 4 700 autres, selon le ministère palestinien de la Santé.

La guerre d'Israël contre la bande de Gaza a tué des dizaines de milliers de civils, dont la plupart sont des enfants et des femmes. Cette offensive a provoqué une catastrophe humanitaire, d'énormes destructions des infrastructures, dont les hôpitaux, une famine qui ravage désormais de nombreuses régions de l'enclave palestinienne, ainsi qu'une catastrophe sanitaire majeure, selon les organisations onusiennes.

Pour la première fois depuis sa création en 1948, Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations unies, à cause de ses opérations militaires à Gaza. Un arrêt rendu en janvier par la CIJ a ordonné à Tel-Aviv de prévenir la réalisation d'actes susceptibles d'être considérés comme génocidaires et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza.

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