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France: Vehbi Erdogan, coiffeur en Isère, pris dans une vague de harcèlement suite à un tweet d’extrême droite

- Le gérant du salon de coiffure « Hair Dogan » à Bourgoin-Jallieu a vu sa vie bouleversée après la publication d’une photo de son enseigne par le militant d'extrême droite Damien Rieu, entraînant une vague de menaces

Ümit Dönmez  | 09.08.2024 - Mıse À Jour : 12.08.2024
France: Vehbi Erdogan, coiffeur en Isère, pris dans une vague de harcèlement suite à un tweet d’extrême droite

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Vehbi Erdogan, coiffeur à Bourgoin-Jallieu, en Isère ( sud de la France) a récemment témoigné des harcèlements et menaces qu'il subit après qu'une photo de son salon, « Hair Dogan », a été partagée sur les réseaux sociaux par Damien Rieu, une personnalité de l'extrême droite française.

Dans un entretien accordé à Anadolu, Erdogan a relaté les événements qui ont débuté le 29 juillet 2024, lorsque Rieu a posté sur la plateforme X (anciennement Twitter) une image de son salon avec le simple commentaire « Coiffeur turc à Bourgoin-Jallieu ».

Erdogan raconte : « Au début, je ne me sentais pas menacé. Je me suis dit que c’était juste quelqu'un qui avait apprécié le jeu de mots. Mais très vite, les commentaires haineux ont commencé à affluer. »

Depuis la publication de ce tweet, Erdogan a fait face à une vague de harcèlement en ligne, avec des messages allant jusqu'à menacer de brûler son salon. La situation a empiré lorsque, quelques jours après être apparu à la télévision pour témoigner, il a découvert des crachats devant son commerce, signe d'une hostilité croissante. Finalement, le 7 août, la vitrine de son salon a été vandalisée, l'amenant à prolonger la fermeture de son établissement pour une semaine supplémentaire.

Dans le contexte des tensions actuelles en France autour des questions d'identité nationale et de la présence de minorités, l'expérience de Vehbi Erdogan est révélatrice d'une ambiance de plus en plus délétère. Erdogan a porté plainte pour diffamation, harcèlement et racisme, et attend maintenant que la justice fasse son travail. « Je fais confiance à la Justice française, je sais qu'ils vont faire leur boulot comme il faut », a-t-il confié.

En parallèle, Erdogan a dû consulter un médecin pour des crises d'angoisse et des problèmes de santé liés au stress intense qu'il vit depuis les événements. Le médecin lui a prescrit des médicaments et recommandé de consulter un psychologue, ce qu'il compte faire pour essayer de surmonter cette épreuve.

Ce cas illustre les dangers de l'exploitation des réseaux sociaux pour discriminer les individus sur des bases identitaires. Il pose également la question de la responsabilité des plateformes et des personnalités publiques dans la propagation de discours pouvant inciter à la haine. En attendant, Vehbi Erdogan, qui voulait simplement gérer son salon avec créativité, se retrouve malgré lui au cœur d'une polémique qui dépasse largement les murs de son établissement.

L’affaire d’Erdogan n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de montée des discours et actes islamophobes en France, souvent amplifiés par des personnalités d’extrême droite sur les réseaux sociaux.

En réponse à l'accusation de Vehbi Erdogan, Damien Rieu a déclaré auprès d'Anadolu que son « tweet est neutre, factuel, totalement légal ».

« Je n’ai pas dit que c’était bien ou mal, j’ai juste montré que ça existe. Monsieur Erdogan perd son temps et son argent et se contredit car il se déclarait ravi de la publicité », a ajouté celui qui se décrit comme un "lanceur d'alerte".


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