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France: une réunion organisée à Paris pour dénoncer la montée de l'islamophobie

– "Cette interdiction, elle est venue amener une violence de plus pour ces joueuses qui venaient au basket pour parfois se libérer", déclare Timothée Gauthierot, cofondateur du collectif "Basket pour toutes"

Esra Taşkın  | 29.05.2025 - Mıse À Jour : 29.05.2025
France: une réunion organisée à Paris pour dénoncer la montée de l'islamophobie

Ile-de-France

AA / Paris - Istanbul / Esra Taşkın et Adama Bamba

Une réunion s’est tenue à Bagnolet, en région parisienne, pour dénoncer la hausse des actes islamophobes en France.

Organisé par le Collectif contre l’islamophobie, l’événement a réuni plusieurs personnalités, dont Timothée Gauthierot, cofondateur du collectif "Basket pour toutes", Mohamed Chaia, président de l’association étudiante Salaam Sciences Po, l’imam Noureddine Aoussat, Nicolas, aide-soignant membre du syndicat CGT Tenon, ainsi qu’un large public.

Les intervenants ont dénoncé les discriminations subies par les musulmans dans divers secteurs, de l’éducation à la santé, et tiré la sonnette d’alarme face à une islamophobie structurelle grandissante.

Prenant la parole, Timothée Gauthierot est revenu sur l’interdiction du port du voile dans les compétitions de basketball, entrée en vigueur en 2023 en France.

"Cette interdiction, elle est venue amener une violence de plus pour ces joueuses qui venaient au basket pour parfois se libérer. C'est un exutoire pour elles après une journée de travail où elles subissent déjà ces violences dans le travail, dans la rue, pour trouver un logement, pour accompagner les enfants", a-t-il déclaré.

Il a poursuivi: "Et bien souvent le sport, c'était un peu un safe place. Aujourd'hui, même cet endroit, elles ne s’y sentent plus tranquilles. Donc c’est vraiment une violence de plus qui vient s’ajouter à toutes les autres violences, et cette interdiction dans le basket, c’est pas un cas isolé."

– "Une descente aux enfers médiatique"

Mohamed Chaia, président de l’association Salaam Sciences Po, a quant à lui raconté avoir été la cible, avec son équipe, d’une vague d’attaques sur les réseaux sociaux après l’organisation d’un repas interreligieux.

"Il y a quelques mois, à l’occasion du mois de Ramadan pour les musulmans et du carême pour les chrétiens, nous avons organisé un repas. L’objectif était simple : créer un moment de partage, d’échange, de culture et de vivre-ensemble. Mais cela n’a pas été bien accueilli par certains groupes dans notre école, notamment le syndicat UNI", a-t-il expliqué.

Il a poursuivi: "Une personne proche de ce syndicat a lancé un thread sur X, et c’est à ce moment-là que la descente aux enfers a commencé. Nous avons été ciblés par une avalanche de commentaires, d’attaques en ligne. C’était la première fois que notre association faisait face à une telle intensité de haine, mêlant abus, autoritarisme, mensonges et diffamations."

– "Des sanctions allant jusqu’au licenciement"

Nicolas, aide-soignant et membre de la CGT Tenon, a de son côté révélé qu’un médecin des urgences avait rédigé en 2022 un rapport sur "la prévention de la radicalisation" dans les hôpitaux.

Il a cité un guide publié en 2023 par l’Observatoire de la laïcité, dans lequel il est écrit qu’un symbole religieux peut être défini par l’intention de celui qui le porte. Selon lui, cela a conduit certaines directions hospitalières à assimiler les bonnets chirurgicaux au port du voile.

Il a expliqué que malgré le port du bonnet chirurgical, plusieurs soignantes voilées ont fait l’objet de procédures disciplinaires, pouvant aller jusqu’au licenciement.

De son côté, l’imam Noureddine Aoussat a raconté avoir été interpellé à son domicile par la police, au petit matin en février, en raison de ses prêches sur la Palestine et d’accusations d’incitation à la violence.

Il a annoncé vouloir engager une procédure judiciaire pour diffamation contre l’État français, devenant ainsi le premier imam à le faire.

Rappelant que 35 mosquées avaient été dégradées en France au cours des 20 dernières années, il a dénoncé l’incendie criminel perpétré à la veille du ramadan contre la mosquée DITIB de Jargeau.

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