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France : une jeune voilée dénonce une manipulation par les journalistes de l’émission Zone interdite

Ekip  | 26.01.2022 - Mıse À Jour : 26.01.2022
France : une jeune voilée dénonce une manipulation par les journalistes de l’émission Zone interdite

France

AA/ Paris / Selma Bahous

Dimanche soir, M6 a diffusé un reportage dans son émission Zone interdite intitulé : « Face au danger de l’islam radical, les réponses de l’Etat ».

Parmi les scènes et les témoins filmés, une jeune femme, Lilia Bouziane, s’est dite victime de manipulation.

Dès le début du reportage le ton est donné. Il est question de "l'islam rigoriste" et des pratiques de l'islam dit "radical".

Or, tout le long du reportage, les faits reprochés aux musulmans, concernent surtout une organisation mise en place par les musulmans pour faciliter leur pratique religieuse et la transmission de celle-ci à leur enfants, tandis que les journalistes de Zone interdite ont tenté de créer l’amalgame en confondant certaines pratiques anodines et propres aux musulmans avec des pratiques considérées comme "rigoristes", telles que l’apprentissage du coran aux enfants, ou le port du voile long dit « Jilbeb ».

Ainsi, l'émission tente de démontrer de quelle manière les musulmans de France essayaient, par tous les moyens, de contourner les lois républicaines et du cadre de laïcité imposé en France.

Pour cela, les journalistes de Zone interdite n'ont pas hésité à filmer de nombreuses scènes et témoignages en caméra cachée, montrant les moyens mis en œuvre pour piéger la communauté dans sa manière d'organiser sa vie autour de sa foi.

Une jeune lyonnaise voilée, étudiante en droit, Lilia Bouziane, est tombée dans leur piège.

Contactée il y a plusieurs mois par la chaine, elle a accepté de livrer une partie de son quotidien et sa vision de la laïcité.

Sauf, pour l'avoir, les journalistes ne lui ont pas dit qu'il s'agissait d'un enregistrement pour Zone interdite, mais d'un reportage, "qui avait pour but de mettre en avant les jeunes, la jeunesse et leur point de vue sur la laïcité », dénonce-t-elle dans une vidéo sur Instagram.

Elle confie avoir été "contente de partager [son] quotidien pendant 48 heures".

Mais de ces deux jours de tournage, seules quelques séquences choisies ont été diffusées.

"Vous n'avez vu que quelques minutes. On a complètement sauté les passages qui étaient mélioratifs parce que ça n'intéresse pas une fille qui porte un voile et donne des cours d'éloquence", regrette-t-elle.

Son témoignage montre une jeune femme déterminée à vivre librement sa foi en France malgré l'islamophobie galopante de ces dernières années.

Pour elle, il n’est pas question de quitter son voile pour travailler par exemple. Elle semble déterminée à ne pas renoncer à ses principes et à sa pratique religieuse.

Elle souhaite devenir avocate et sait que son voile lui portera préjudice dans sa carrière professionnelle, mais elle se dit prête à se battre pour réaliser son rêve d’exercer, voilée.

Lilia Bouziane, s’est dite avoir été « manipulée » et « touchée dans son intégrité », la jeune compte poursuivre l’émission en justice par le biais de son avocat Maître Jean-Christophe Basson-Larbi.

Elle a également encouragé les internautes sur les réseaux sociaux à dénoncer l’émission au CSA.

Ce n’est pas la première fois dans le paysage médiatique français que de telles émissions sont diffusées.

L’année dernière c’était l’émission d’Enquête exclusive – Islam de France, la République en échec- qui avait provoqué de vives critiques dans sa manière de présenter la communauté musulmane en France.

Les musulmans qui, pour la majorité, vivent leur foi en totale adéquation avec les valeurs françaises, voient ces émissions comme des attaques envers ce qu’ils ont de plus intime, leur foi.

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