France : Un policier qui a tué un automobiliste sera jugé pour "violences volontaires ayant entraîné la mort"
- La justice a écarté la légitime défense dans l'affaire du policier qui a tué Jean-Paul Benjamin à Aulnay-sous-Bois en mars 2022.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le policier ayant abattu Jean-Paul Benjamin, un automobiliste de 37 ans, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en mars 2022, sera jugé pour "violences volontaires ayant entraîné la mort". Cette décision a été prise par les juges d’instruction, qui ont rejeté la légitime défense invoquée par l’agent, selon la presse française.
Dans leur ordonnance, les juges ont précisé que l'agent ne se trouvait pas en danger immédiat lors de l'incident. Jean-Paul Benjamin conduisait un fourgon déclaré volé, mais au moment du tir, le policier n'était pas sur la trajectoire du véhicule. Selon le communiqué judiciaire, "l’usage d’une arme en direction du conducteur n’était ni nécessaire ni proportionné".
Pour rappel, le 26 mars 2022, Jean-Paul Benjamin conduisait une camionnette volée, remplie de colis appartenant à Amazon. Le véhicule avait été repéré par une équipe de la brigade anticriminalité sur l'avenue Suzanne Lenglen. Alors que le fourgon était à l'arrêt, un policier s'était approché du conducteur. Lorsque la camionnette a redémarré, l'agent a reculé et tiré, touchant mortellement Jean-Paul Benjamin, qui est décédé peu après des suites de ses blessures.
Le policier a affirmé avoir agi par légitime défense, craignant pour sa vie et celle des piétons. Cependant, l’enquête, soutenue par des vidéos et des témoignages, a montré que le conducteur ne constituait pas une menace immédiate. Le procès se tiendra devant la cour criminelle de Seine-Saint-Denis, soulevant des questions sur l’usage de la force par les forces de l’ordre.
Pour rappel, dans un cas similaire, la mort à Nanterre (Hauts-de-Seine) de Nahel, un jeune adolescent, avait suscité une vague d'émotion en France, déclenchant des émeutes et des manifestations dans plusieurs villes à l'été 2023.
