France : Un interne en médecine sur deux en grève contre la loi sur les déserts médicaux
- La mobilisation contre la régulation de l'installation des médecins prend de l'ampleur, selon les syndicats.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Environ 15 000 internes en médecine participeraient à la grève contre la loi Garot, selon une première estimation relayée mardi 29 avril par les syndicats auprès de BFMTV.
Selon la chaîne d'information française, les syndicats ont fait état d'un large rejet de cette proposition de loi portée par Guillaume Garot (PS), qui vise à réguler l'installation des médecins afin de lutter contre les déserts médicaux. "La médecine libérale est aujourd'hui le premier rempart du système de santé", rappellent-ils, affirmant que cette régulation "mettra à mal" son attractivité.
Adopté en première lecture début avril par l'Assemblée nationale, l'article-phare de la loi Garot prévoit d'encadrer les installations des nouveaux médecins pour rééquilibrer l'offre de soins sur le territoire. Le reste du texte doit encore être examiné début mai.
La mobilisation, lancée depuis lundi 28 avril, reflète une inquiétude grandissante dans la profession, notamment chez les jeunes médecins et étudiants, qui redoutent de voir leur liberté d'installation entravée. Beaucoup dénoncent une réponse inadaptée à un problème structurel de manque de praticiens dans certaines régions.
Le débat autour de la régulation des professions médicales s'inscrit dans un contexte plus large de tensions sur le système de santé en France, marqué par une pénurie persistante de soignants.
En effet, la problématique des déserts médicaux en France n’est pas nouvelle. Depuis les années 1990, les pouvoirs publics alertent sur une répartition inégale des médecins sur le territoire, aggravée par une démographie médicale vieillissante. Les premières mesures incitatives, comme des aides financières pour les médecins s’installant dans des zones sous-dotées, ont été introduites dans les années 2000.
En 2009, la loi "Hôpital, patients, santé et territoires" (HPST) a posé un premier cadre pour tenter de mieux organiser l'offre de soins. Toutefois, cette approche basée sur l'incitation plutôt que sur la contrainte a montré ses limites, les zones rurales et périurbaines restant fortement sous-dotées.
Depuis, plusieurs gouvernements ont tenté de corriger le déséquilibre, à travers des dispositifs comme les "praticiens territoriaux de médecine générale" ou le développement des maisons de santé pluridisciplinaires. Malgré ces efforts, la situation continue de se dégrader, amplifiée par les départs massifs à la retraite, un nombre insuffisant de nouveaux diplômés et une génération de jeunes médecins plus attentive à l'équilibre vie professionnelle-vie privée.