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France : Un homme condamné pour avoir menacé des manifestants pro-palestiniens avec un revolver

– Cinq mois avec sursis, interdiction de port d'armes pendant cinq ans : la justice a sanctionné le commerçant armé face aux manifestants du 7 décembre.

Ümit Dönmez  | 22.05.2025 - Mıse À Jour : 22.05.2025
France : Un homme condamné pour avoir menacé des manifestants pro-palestiniens avec un revolver

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement ce jeudi à l’encontre du directeur d’un commerce de l’avenue Philippe Auguste, filmé en train d’exhiber un revolver face à une manifestation pro-palestinienne en décembre dernier.

Cités par le collectif EuroPalestine, les avocats des parties civiles ont indiqué que l’homme a été condamné à cinq mois de prison avec sursis, assortis d’une interdiction de port d’armes pendant cinq ans. Il devra également verser 1000 euros de dommages et intérêts ainsi que 500 euros de frais de justice à chacun des deux manifestants visés.

Le prévenu, marchant avec une canne, a tenté de justifier son geste en évoquant une prétendue agression verbale et un sentiment d’insécurité. Il a notamment affirmé avoir été choqué par une pancarte qualifiant le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de criminel. Selon lui, son geste de sortir une arme – qu’il portait à la ceinture – serait une réaction de peur.

Mais le tribunal n’a pas retenu ces arguments. Aucun signe religieux ne permettait d’identifier l’homme comme juif, et ni son commerce ni lui-même n’avaient été menacés ou agressés, ont reconnu les policiers. Les magistrats ont estimé que son comportement traduisait plutôt une volonté d’intimidation à l’encontre de manifestants exprimant une opinion politique.

Citée par EuroPalestine, l'avocate des manifestants, Me Elsa Marcel, a fustigé une « tentative d’inverser les rôles » et une instrumentalisation de l’antisémitisme. Elle a également relevé les contradictions du mis en cause lors de sa garde à vue, soulignant que ce type de comportement visait à « dissuader les gens de manifester » et représentait une atteinte grave à la liberté d’expression.

Le rapport de police révèle que l’homme avait résisté lors de son interpellation et refusé dans un premier temps de remettre son arme, malgré les injonctions des agents. Selon les propos rapportés par EuroPalestine, le tribunal a estimé, comme l’a rappelé le juge à l’audience, qu’il s’en sortait relativement bien en n’étant pas poursuivi pour rébellion.

« On imagine ce qui serait arrivé si des manifestants contre le génocide avaient exhibé une arme face à une manifestation en faveur des otages israéliens… », a fait valoir Me Marcel à l’audience.

L’affaire avait suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux, où les vidéos de l’incident du 7 décembre 2024 ont circulé massivement.

Pour rappel, le collectif EuroPalestine et d'autres associations et ONG manifestent régulièrement en France pour dénoncer le « génocide » en cours à Gaza.


- Situation humanitaire à Gaza


Pour rappel, Israël aurait récemment autorisé une reprise très partielle et largement insuffisante de l'accès à l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, après plus de deux mois de blocus total. Le 20 mai 2025, les Nations unies ont annoncé avoir reçu l'autorisation d'Israël pour faire entrer 93 camions d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne, via le point de passage de Kerem Shalom, une aide qui reste largement insuffisante.

Pendant ce temps, le chef de l’OCHA, Tom Fletcher, a déclaré mardi à l’émission Radio 4 Today de la BBC que 14 000 bébés à Gaza pourraient mourir dans les prochaines 48 heures si les camions d’aide n’atteignaient pas les communautés de l’enclave.

Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".

Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 3000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 53 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.




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