France : Un Coran incendié devant une mosquée de Villeurbanne
– Le Conseil des Mosquées du Rhône dénonce une profanation islamophobe et appelle à des poursuites exemplaires.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La mosquée Errahma de Villeurbanne a été la cible d’un acte islamophobe dans la nuit de samedi à dimanche, selon un communiqué publié lundi par le Conseil des Mosquées du Rhône (CMR).
Le CMR a indiqué qu’un individu à visage découvert s’est introduit dans la salle de prière vers 3 h 45 du matin (heure locale), soit une vingtaine de minutes avant l’appel à la première prière. Il s’est emparé d’un exemplaire du Coran, l’a incendié, puis l’a déposé à l’extérieur du bâtiment avant de prendre la fuite.
Le Conseil a qualifié cet acte de "lâcheté révoltante" et de "profanation odieuse", dénonçant une agression haineuse qui s’ajoute à une série d’attaques visant les citoyens de confession musulmane. "Ce geste ignoble s’inscrit dans une série d’agressions haineuses qui témoignent d’un climat préoccupant", note le communiqué. Il rappelle notamment le meurtre d’Aboubacar Cissé, poignardé à mort le 1er mai alors qu’il priait dans une mosquée à La Grand-Combe (Gard), et celui d’un jeune ressortissant tunisien le 2 juin dans le Var.
Le CMR appelle les autorités compétentes à "tout mettre en œuvre pour identifier l’auteur de cet acte et engager à son encontre des poursuites exemplaires". Il exprime également "sa solidarité pleine et entière aux responsables de la mosquée Errahma, ainsi qu’à l’ensemble de ses fidèles".
L’organisation conclut en rappelant que "la responsabilité collective" incombe aux institutions, aux élus et aux citoyens pour contrer "toutes les formes de haine, de stigmatisation et de violence visant les lieux de culte et les croyants".
Cet acte intervient dans un contexte particulièrement tendu, où les atteintes aux lieux de culte musulmans et juifs se multiplient sur le territoire français.
Pour l'heure, le gouvernement n'a pas encore réagi à cet acte islamophobe.
- Actes islamophobes en France
En 2024, les actes islamophobes en France ont été évalués de manière divergente par le ministère de l’Intérieur et le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), illustrant un écart significatif dans la perception et la comptabilisation de ces incidents.
Le ministère de l’Intérieur a recensé 173 faits antimusulmans pour l'année 2024, soit une baisse de 29 % par rapport à 2023, où 242 faits avaient été enregistrés. Ces statistiques, basées sur les plaintes déposées et les infractions pénales avérées, sont critiquées pour leur sous-estimation du phénomène, notamment en raison de la faible propension des victimes à porter plainte.
En revanche, le CCIE a documenté 1 037 faits islamophobes en 2024, marquant une augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente. Le collectif inclut dans son décompte une gamme plus large d'incidents, tels que les discriminations, propos haineux, diffamations, injures et violences physiques, souvent non signalés aux autorités.
Cette disparité entre les chiffres officiels et ceux du CCIE met en lumière les défis liés à la reconnaissance et à la documentation des actes islamophobes en France, soulignant la nécessité d'une approche plus inclusive et proactive, notamment de la part du gouvernement, pour appréhender pleinement l'ampleur du phénomène.