France: un collectif de 85 personnalités juives dénonce l’opération militaire dans la bande de Gaza
- "Le gouvernement français se fait complice d’un nettoyage ethnique à Gaza en affirmant de manière inconditionnelle le droit d’Israël à se défendre, et en votant contre une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu", a dénoncé le collectif

Tunisia
AA / Tunis / Hajer Cherni
Un collectif de 85 personnalités juives a dénoncé, mardi, l’opération militaire en cours dans la bande de Gaza et "l’instrumentalisation de l’émotion légitime suscitée par les attaques du 7 octobre".
Dans une tribune publiée sur le site du quotidien français Libération, le collectif s'est dit "horrifié par les violations que commet Israël envers les civils palestiniens dans la Bande de Gaza en toute impunité et avec la complicité de l'Occident, appelant à imposer des sanctions internationales contre l’Etat israélien".
"Cette violence punitive et ces crimes de guerre ont été annoncés par les officiels du gouvernement israélien par le biais de déclarations déshumanisantes et sont soutenus par nos dirigeant·es en France. Nous rejoignons nos frères et sœurs juif·ves aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Israël et ailleurs, qui ont dénoncé le soutien inconditionnel de leurs gouvernements à l’offensive israélienne contre Gaza, et nous rappelons que l’expression de la solidarité avec le peuple palestinien en tant que peuple opprimé est un droit et une liberté politique", a assuré le collectif.
Les signataires de la tribune ont choisi de rompre le silence et de dénoncer la complicité de la France et son soutien à Israël.
"En affirmant de manière inconditionnelle le droit d’Israël à se défendre, et en votant contre une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu, le gouvernement français se fait complice d’un nettoyage ethnique à Gaza", ont-ils dénoncé.
Et d'ajouter, "l’ONU annonce un possible nettoyage ethnique dans la bande Gaza. En tant que juifs et juives, nous sommes horrifié.es par les violations du droit international que l’Etat d’Israël mène à Gaza en toute impunité et nous refusons que ce massacre ait lieu en notre nom".
Parmi les signataires, figurent entre autres Michaël Löwy, sociologue, Ariella Aïsha Azoulay, professeur de culture & médias modernes et littérature comparée, Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Tal Madesta, journaliste et auteur, Yael Lerer, éditrice et traductrice et Rony Brauman, médecin, ancien président de Médecins sans frontières (MSF).
Ils ont assuré qu'ils partagent "la peur ressentie par de nombreux juifs en France suite "aux crimes de guerre du Hamas", exprimant leur compassion aux familles des victimes en Israël. En revanche, ils ont expliqué que cette peine ne justifie pas un nettoyage ethnique à Gaza.
"Cette douleur ne saurait justifier un nettoyage ethnique à Gaza. La poursuite de la guerre et de l’occupation n’amènera ni la paix, ni le retour des otages', ont-ils expliqué. Et de dénoncer la forme de punition collective que Tel Aviv a infligé à deux millions de Gazaouis qui se trouvent actuellement privés d’eau, de nourriture, et d’électricité.
Le collectif est, également, revenu, sur le recours au phosphore blanc et les attaques visant des hôpitaux, mais aussi sur les bombardements qui ont ciblé des lieux de culte où se réfugient des Gazaouis, documentés par des organisations de défense des droits humains.
* Un cessez-le-feu immédiat
Ils sont 85 Juifs et Juives à dénoncer les attaques menées par l'armée israélienne où "au moins 8 000 Palestiniens y ont été tués, dont près de 3 000 enfants" et à demander un cessez-le-feu immédiat.
Les signataires ont appelé "à la levée du blocus et du siège de Gaza, à entamer des négociations pour la libération des otages et des prisonniers politiques et à imposer des sanctions internationales contre l’Etat israélien".
"Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et la fin de l’impunité israélienne. Il est urgent d’amener le gouvernement israélien à cesser sa campagne de bombardements et de l’empêcher d’entamer une offensive terrestre qui risquerait de déclencher un embrasement régional", ont-ils alerté.
Pour le 25e jour consécutif, les bombardements israéliens sèment la mort et la destruction massive. Outre, l'aviation et l'artillerie qui poursuivent leur pilonnage intensif de toutes les zones de la Bande de Gaza, les colons, le plus souvent armés, agressent les civils.
"La répression à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie s’est également intensifiée ces deux dernières semaines, avec plus de 100 personnes tués par des colons ou l’armée israélienne. Plus de 13 000 Gazaouis ont été blessé·es par les frappes aériennes israéliennes et plus d’un million de personnes déplacées", a déploré le collectif.