AA / Tunis / Fatma Ben Amor

L'idée du Premier ministre français, François Bayrou, d'un référendum sur "un plan d'ensemble" de réduction des déficits, laisse les politiques -de gauche comme de droite - sceptiques. Interrogé, lors d'une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD), sur l'effort budgétaire demandé aux Français au cours des prochaines années, Bayrou n'a pas exclu la tenue prochaine d'un référendum. "C’est un plan d’ensemble que je veux soumettre. Il demandera des efforts à tout le monde et, par l’ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas", a-t-il indiqué, rappelant le défi de ramener la dette publique au niveau de 3% du PIB à moyen terme.

A gauche, la proposition de Bayrou ne passe pas. Pour le coordinateur national de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard, l'idée du Premier ministre est "loufoque". "Quelle question allez-vous poser aux gens? Vous allez leur soumettre un projet de budget, vous allez leur demander s'ils sont pour ou contre ? Mais alors qui va avoir élaboré ce projet de budget, François Bayrou lui-même ? Vous voyez bien que ça n'a rien de démocratique de manière générale", a-t-il déclaré ce dimanche sur LCI.

Pour sa part, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a dénoncé une idée "assez farfelue". "Je crains que ce soit un écran de fumée et que ce soit très difficile de voter par oui ou par non à un projet de budget qui engage l'ensemble des secteurs, de la défense jusqu'à l'éducation, en passant par tout ce que comprend un budget, c'est-à-dire la vie de la nation", a-t-il indiqué sur BFMTV.

A droite, les déclarations de François Bayrou ne passent pas mieux. Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée nationale a accusé Bayrou de "tergiverser". "Il n'y a pas besoin de référendum pour savoir que les Français en ont assez des augmentations d'impôts. Et la seule chose qu'on demande au Premier ministre, c'est d'avoir enfin le courage de s'attaquer au gaspillage de l'argent public", a-t-il souligné sur France 3. Et de lancer : "On a un Premier ministre qui tergiverse, qui cherche juste à gagner du temps et qui ne décide pas".

François Bayrou a tenu à rappeler dans son interview au JDD, que la tenue d'un référendum était une prérogative du locataire de l'Élysée. "Un référendum ne peut être décidé que par le président de la République. Le gouvernement propose, le Président décide. Mais la question de l’adhésion des Français aux réformes est bien la question centrale". Et d'insister : "Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il ? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu’ils contestent. Nous ne sommes plus à l’heure des demi-mesures".