France / Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot condamné à 20 ans de réclusion
- Pour avoir, pendant une décennie, drogué son ex-épouse Gisèle aux anxiolytiques, avant de la violer et la livrer à des dizaines d’inconnus recrutés sur internet.

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AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Clap de fin pour le procès des viols de Mazan. L'ex-mari de Gisèle Pelicot a été condamné à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers. Accusé principal dans ce procès, il a été "déclaré coupable" pour avoir pendant une décennie drogué son ex-épouse Gisèle aux anxiolytiques avant de la violer et la livrer à des dizaines d’inconnus recrutés sur internet.
La cour criminelle du Vaucluse (sud-est) l'a reconnu coupable de tous les chefs d'accusation, à savoir, des viols aggravés sur Gisèle Pelicot, une tentative de viol et viol aggravé sur la femme d'un co-accusé, mais aussi la captation d'images à caractère sexuel concernant sa fille Caroline et ses ex-belles-filles.
Pour les 50 coaccusés, âgés de 27 à 74 ans, la cour a prononcé des peines allant de trois ans de prison à quinze ans de réclusion criminelle pour les faits de viols, et de un an ferme pour les atteintes sexuelles.
Après avoir annoncé les peines contre les 51 accusés, le président de la cour a mis officiellement fin à ce procès historique qui a défrayé la chronique en France et ailleurs. "L’audience criminelle est levée", a-t-il déclaré. Les parties ont 10 jours pour faire appel.
Gisèle Pelicot s’est exprimée après l’annonce du verdict face une foule en ébullition qui n'arrêtait pas de l'acclamer. "C’est avec une profonde émotion que je m’exprime aujourd’hui, ce procès a été une épreuve très difficile. Je pense à mes trois enfants, David, Caroline et Florian. Je pense à mes petits-enfants parce qu’ils sont l’avenir et que c’est pour eux que j’ai mené ce combat. Je pense aussi à toutes les autres familles touchées par ce drame et aux victimes non reconnues dont les histoires demeurent dans l’ombre. Nous partageons le même combat", a-t-elle déclaré, manifestement très émue.
Entourée de ses enfants et protégée par les forces de l'ordre, elle a ensuite quitté le tribunal d'Avignon, frayant un chemin au milieu des centaines de personnes venues saluer son courage et sa détermination. "Merci Gisèle !", scandait la foule en l’applaudissant.
Aussitôt le procès clos, des réactions ont fusé de toutes parts, en France et à l'international. "La honte doit changer de camp. Merci, Gisèle Pelicot!", a écrit le chancelier allemand, Olaf Scholz, sur X. "Avec courage, vous êtes sortie de l’anonymat pour vous battre pour la justice. Vous avez donné une voix forte aux femmes du monde entier. La honte est toujours du côté de l’agresseur", a-t-il encore écrit.
L’ancien chef du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a exprimé, à son tour, son admiration pour Gisèle Pelicot. "Son courage est véritablement remarquable et elle a donné du pouvoir à des millions de femmes dans le monde entier", a-t-il écrit. sur X.
En France, plusieurs personnalités ont tenu à rendre hommage à la victime des viols de Mazan. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a remercié Gisèle Pelicot "pour son courage". "À travers vous, c’est la voix de tant de victimes qui porte aujourd’hui, la honte qui change de camp, le tabou qui se brise. Le monde n’est désormais plus le même grâce à vous", a-t-elle indiqué sur X.
Pour Manuel Bompard, le coordinateur de la France Insoumise, ce procès "doit être un tournant dans la lutte contre la culture du viol qui gangrène la société dans son ensemble".
Ce procès a suscité un engouement médiatique hors normes et un retentissement international quasiment inédit, Gisèle Pelicot devenant une icône féministe mondiale.