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France: « On ne veut pas que notre fils soit au contact de votre fils qui est noir », témoigne la mère d'un lycéen

- Sur BFMTV, Thays, 15 ans, raconte insultes, violences et agressions à caractère raciste subies entre 10 et 11 ans. Sa mère dénonce une « double peine » et un manque total de soutien institutionnel

Adama Bamba  | 04.12.2025 - Mıse À Jour : 04.12.2025
France: « On ne veut pas que notre fils soit au contact de votre fils qui est noir », témoigne la mère d'un lycéen

Istanbul

AA / Istanbul / Adama Bamba

Sur BFMTV ce lundi, Thays, aujourd’hui âgé de 15 ans, a témoigné du harcèlement scolaire dont il a été victime lorsqu’il était au collège. Il évoque des insultes racistes « liées à sa couleur de peau » ainsi que de multiples violences physiques. « Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux », explique le lycéen, qui dit vouloir alerter sur ce qu’il a vécu entre 10 et 11 ans.

Thays raconte avoir « repris une scolarité normale » et s’être « fait des amis » après avoir quitté l’établissement où se déroulaient les faits. S’il partage désormais son histoire, c’est, dit-il, pour montrer aux enfants victimes de harcèlement « qu’on peut s’en sortir et que ça ne détruit pas pour toujours ». Il appelle ceux qui souffrent à « en parler » et à « ne pas rester seuls », estimant que « ce n’est pas ainsi que les choses se règlent ».

L’adolescent se souvient de coups dans les couloirs, de claques « données dans la tête », de moqueries humiliantes sur ses cheveux qualifiés de « moquette », ainsi que d’un climat constant d’insultes racistes. Il évoque également un épisode où trois élèves « l’ont violemment attrapé au bras », provoquant une blessure à la coiffe des rotateurs. Il affirme aussi avoir été « étranglé » dans le bus après les cours, une agression interrompue grâce à l’intervention d’une amie.

Interrogée sur BFMTV, la mère de Thays déplore que « les harceleurs soient restés dans l’établissement » tandis que son fils a dû le quitter. Se disant « seule et démunie », elle estime que « déscolariser Thays était la seule solution », dénonçant une « double peine » qu’elle considère comme « inacceptable ».

Elle rapporte également un épisode d’une extrême violence symbolique : selon elle, des parents d’élèves impliqués dans le harcèlement se sont présentés à son domicile et ont déclaré : « Nous, on vote Front national, et nous ne voulons pas que notre fils soit en contact avec le vôtre parce qu’il est noir. » Une scène qu’elle qualifie de traumatisante et révélatrice du climat hostile entourant son enfant.

La mère indique en outre n’avoir obtenu « aucun rendez-vous » avec la direction du collège, ni avec la justice, ni avec l’inspection académique. Deux plaintes déposées ont été classées sans suite, les auteurs des faits étant âgés de moins de 13 ans et donc pénalement irresponsables. Elle précise que le maire de la commune lui a affirmé « ne rien pouvoir faire » à son niveau.

Selon les chiffres publiés en novembre par le ministère de l’Éducation nationale, 282 élèves harceleurs en élémentaire ont été changés d’école entre 2023 et 2025. De son côté, l’association Marion la main tendue estime que 17 % des élèves ont été victimes de harcèlement, tandis que 7 % sont identifiés comme auteurs. Parmi ces derniers, deux sur trois ont eux-mêmes été harcelés, et 60 % déclarent n’avoir jamais été sanctionnés.

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