France / Nucléaire : à Bure, le cadeau empoisonné des déchets étrangers (Médias)
- Le gouvernement aurait fait entrer clandestinement des milliers de colis radioactifs étrangers dans le projet Cigéo, en défiance de la loi.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Gouvernement français a naturalisé des milliers de colis de déchets nucléaires d’origine étrangère pour les enfouir dans les sous-sols français, selon une enquête de Mediapart.
Le média d'investigation révèle, ce jeudi, que ces déchets, initialement arrivés en France pour être retraités, ont été discrètement requalifiés en « déchets français », permettant ainsi leur stockage dans le futur centre Cigéo, situé à Bure, dans la Meuse.
Des élus et associations dénoncent un « arrangement » en catimini. Ces intervenants soulignent que la loi française interdit explicitement le stockage des déchets radioactifs étrangers depuis 1991. Certains estiment que cette décision enfreint la législation en vigueur.
Toujours selon Mediapart, l’opération concerne « des milliers de colis » de déchets radioactifs, sans qu’aucune information n’ait été transmise aux collectivités locales ni aux associations environnementales. Une omission qui suscite colère et inquiétude dans la Meuse, région directement concernée par l’enfouissement.
Les défenseurs du projet Cigéo avancent que ces déchets, bien qu’issus de combustibles étrangers, ont été retraités en France et peuvent donc légalement être considérés comme « français » s’ils ne sont pas renvoyés à leur pays d’origine.
Les associations écologistes, dont Lorraine Nature Environnement, dénoncent une entorse à la loi et exigent la suspension du processus ainsi qu’une enquête parlementaire sur les conditions de cette requalification.
Le site Cigéo, situé à 490 mètres de profondeur, est censé accueillir les déchets les plus radioactifs produits en France. Toute erreur dans la traçabilité ou la nature des colis stockés pourrait compromettre la sûreté du site sur le très long terme.
Des élus locaux, mis devant le fait accompli, dénoncent une absence de transparence de la part de l'État. L’un d’eux, interrogé par Mediapart, déplore que « la confiance avec les habitants se trouve une nouvelle fois trahie ».