France / Nouvelle-Calédonie : le FLNKS rompt avec l’accord de Bougival
- Le mouvement indépendantiste juge le texte incompatible avec ses objectifs historiques

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a officialisé mercredi 13 août son rejet du projet d’accord de Bougival, signé le 12 juillet avec le Gouvernement français et les représentants non-indépendantistes.
Selon l'information rapportée par la presse française, Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne et membre du bureau politique du FLNKS, a déclaré que le mouvement « rejette formellement le projet d’accord de Bougival, en raison de son incompatibilité avec les fondements et acquis de [sa] lutte ».
Le texte négocié début juillet sous l’égide du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, prévoit la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie », d’une nationalité calédonienne et la possibilité de transférer certaines compétences régaliennes. Il ne contient toutefois pas de clause ouvrant la voie à un nouveau référendum d’indépendance, un point jugé inacceptable par une partie du camp indépendantiste.
Lors de la conférence de presse à Nouméa, Marie-Pierre Goyetche, syndicaliste et membre du bureau politique du FLNKS, a affirmé : « L’accord de Bougival est derrière nous. C’est un rejet en bloc, nous ne participerons pas au comité de rédaction » proposé par l’État. Elle a lancé « un appel pacifique à nos forces vives pour dire stop à l’État s’il entend passer en force ».
Le rejet du FLNKS est critiqué par les deux principaux mouvements non-indépendantistes, Les Loyalistes et le Rassemblement-LR, qui y voient « un reniement » et « une nouvelle trahison ». Ces formations plaident pour la création d’un comité ad hoc mêlant loyalistes, indépendantistes favorables à l’accord, société civile et experts afin d’en approfondir les aspects techniques.
Selon la presse française, le président du FLNKS, Christian Tein, s’exprimant en visioconférence depuis Mulhouse, a dénoncé « un accord à marche forcée proposé par Macron » et regretté que « les leçons » des émeutes meurtrières de mai 2024 n’aient pas été tirées. Le mouvement met en garde l’État contre toute tentative de « passage en force », rappelant que la mobilisation contre le dégel du corps électoral, porté à l’époque par Gérald Darmanin, avait entraîné les violences de 2024.
Cette rupture fragilise un processus présenté par Paris comme un « compromis historique ». Le déplacement annoncé de Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie, prévu la semaine du 18 août, s’annonce désormais comme une tentative de sauvetage délicate, dans un climat où la méfiance entre acteurs reste profonde, selon la presse locale.