
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
L’UFC-Que Choisir lance une offensive judiciaire sans précédent contre Nestlé Waters et des anciens membres du Gouvernement français, au cœur d’un scandale de grande ampleur révélé ces dernières semaines.
Par voie d’un communiqué publié ce mardi, l’association de défense des consommateurs annonce avoir engagé trois procédures distinctes contre le groupe agroalimentaire, accusé d’avoir commercialisé pendant des années des eaux Perrier présentées à tort comme « minérales naturelles ». Selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale publié le 14 mai, Nestlé aurait utilisé des traitements interdits, notamment une microfiltration non conforme, compromettant à la fois la loyauté commerciale et la sécurité sanitaire.
« Les consommateurs sont les victimes d’une vaste tromperie », accuse l’association, qui demande en urgence le retrait du marché et le rappel des produits concernés, une interdiction de commercialisation, ainsi que la cessation immédiate des pratiques incriminées. Elle a saisi à cette fin le président du Tribunal judiciaire de Nanterre en procédure de référé d’heure à heure. L’audience est prévue début juillet.
Au-delà de cette action d’urgence, deux plaintes ont été déposées : l’une auprès du Procureur de la République de Nanterre, l’autre devant la Cour de Justice de la République. Sont visés non seulement Nestlé Waters et ses dirigeants, mais aussi un lobbyiste du groupe, des membres de cabinets ministériels et des représentants de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie. L’UFC-Que Choisir pointe notamment de possibles complicités, des pressions politiques, voire des falsifications de documents.
La plainte devant la Cour de Justice de la République vise plusieurs anciens membres du gouvernement, dont Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure, Aurélien Rousseau et Agnès Firmin-le Bodo. L’association entend ainsi faire toute la lumière sur les responsabilités politiques dans ce dossier, et sur ce qu’elle qualifie d’« incurie des autorités de contrôle ».
Selon la commission sénatoriale, les bénéfices engrangés par Nestlé en vendant ces eaux faussement étiquetées pourraient dépasser 3 milliards d’euros en quinze ans. Le différentiel de prix avec l’eau du robinet est frappant : en moyenne, une eau minérale naturelle est vendue 200 fois plus cher.
« Il est inconcevable qu’une eau ne respectant pas les critères des eaux minérales naturelles continue en toute impunité à être vendue », déclare Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir. Pour elle, cette affaire engage la santé publique et le respect du droit.