France / Narcotrafic : une cellule anticorruption inédite entre en action à Marseille
– Le parquet constate une augmentation significative des cas de corruption dans les services publics, en lien direct avec l’emprise grandissante du narcotrafic.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La justice a mis en place à Marseille une cellule anticorruption inédite en France, pour contrer l’infiltration des institutions publiques par les réseaux criminels liés au trafic de drogue.
Cité par la presse française, ce mercredi 17 décembre, Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, a annoncé la création de cette cellule, rattachée à la section économique et financière du parquet. Elle centralise désormais toutes les affaires de corruption impliquant des policiers, gendarmes, douaniers, magistrats, agents pénitentiaires ou encore élus.
Ce dispositif répond à une urgence croissante. Le parquet constate une augmentation significative des cas de corruption dans les services publics, en lien direct avec l’emprise grandissante du narcotrafic. En un an, les signalements pour atteintes à la probité ont quasiment doublé, passant de 435 en 2023 à 802 en 2024, selon les chiffres de l’agence française anticorruption.
« Le narcotrafic n’affronte plus les institutions, il cherche à les infiltrer », avait averti Nicolas Bessone sur France 3, soulignant que les moyens financiers colossaux des narcotrafiquants facilitent les tentatives de corruption. La cellule doit donc permettre de répondre de manière “systémique” à un système criminel structuré et de plus en plus ambitieux.
Marseille, durement touchée par le trafic de stupéfiants depuis plusieurs décennies, sert de ville pilote pour cette expérimentation judiciaire. La Cité phocéenne, avec son port stratégique et ses réseaux de narcotrafiquants, concentre de nombreuses affaires de corruption révélant la porosité entre institutions et criminalité organisée.
La cellule est actuellement dirigée par deux magistrats spécialisés, épaulés par une équipe renforcée. Son champ d’action est transversal : elle traite les affaires en lien avec les services d’enquête (IGPN, brigades financières), les renseignements et l’ensemble des corps institutionnels.
Vingt dossiers sont déjà en cours de traitement. Parmi les cas les plus marquants récemment : des policiers municipaux et des gendarmes travaillant pour un réseau criminel du Sud-Ouest, ou encore une greffière soupçonnée d’avoir transmis des informations sensibles à un trafiquant.
Avec ce dispositif inédit, la Justice française espère enrayer une dynamique inquiétante, où les institutions elles-mêmes deviennent des cibles stratégiques pour les narcotrafiquants.
