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France / Mort de Nahel : un procès aux assises pour le policier mis en cause

– Les juges d’instruction ordonnent un renvoi pour homicide volontaire, près de deux ans après le tir fatal.

Ümit Dönmez  | 03.06.2025 - Mıse À Jour : 04.06.2025
France / Mort de Nahel : un procès aux assises pour le policier mis en cause

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Les juges d’instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) ont décidé de renvoyer devant la cour d’assises le policier qui a tué Nahel Merzouk, 17 ans, lors d’un contrôle routier en juin 2023.

Cité par la presse locale, le procureur et le président du tribunal judiciaire de Nanterre ont précisé mardi qu’« un procès pourrait se tenir devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine au 2e ou au 3e trimestre 2026 », sous réserve de l’exercice des voies de recours.

Le tir mortel, survenu à bout portant à Nanterre, avait provoqué une onde de choc nationale. Une première version des faits, selon laquelle l’adolescent aurait foncé sur un agent à moto, a rapidement été mise en doute après la diffusion d’une vidéo amateur montrant une scène incompatible avec cette version. L’affaire avait alors provoqué une semaine d’émeutes urbaines, notamment à Nanterre, point de départ de manifestations et violences qui se sont étendues à d'autres villes.

L’enquête ouverte pour meurtre s’était achevée le 2 août 2023. La mise en examen du policier avait été prononcée peu après les faits. Les juges ont désormais tranché : ce sera un procès pour homicide volontaire.

Mounia Merzouk, la mère du jeune homme, s’était exprimée publiquement et à plusieurs reprises, demandant un procès, et exprimant sa confiance en la justice.

Le renvoi du policier devant les assises constitue une décision rare dans ce type d’affaire impliquant les forces de l’ordre.

Pour rappel, les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel ont duré près d’une semaine, touchant de nombreuses villes françaises au-delà de Nanterre, épicentre du mouvement.

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, plus de 3 900 personnes ont été interpellées, dont une majorité de mineurs. Environ 1 300 condamnations ont été prononcées, dont plusieurs centaines à des peines de prison ferme. Plus de 800 membres des forces de l’ordre ont été blessés, et des milliers de bâtiments publics, véhicules et commerces ont été endommagés ou incendiés.

Ces violences ont provoqué un débat politique intense sur la réponse judiciaire, le rôle des réseaux sociaux et les causes sociales et institutionnelles de la colère.

Bien que les bilans officiels aient largement mis en avant les blessés dans les rangs des forces de l’ordre, les civils touchés par les violences n’ont pas fait l’objet d’un recensement national systématique. Plusieurs ONG, collectifs de défense des droits humains et syndicats d’avocats ont toutefois signalé des cas de blessures graves parmi les manifestants ou simples habitants, notamment causées par des tirs de LBD, des grenades ou des interpellations violentes.

L’Observatoire des violences policières a évoqué une « sous-documentation inquiétante » du sort des blessés civils, estimant qu’un effort de transparence est encore attendu sur ce versant des événements.




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