France : Mohammed Moussaoui déplore la disparation des espaces d’expression pour les musulmans
France
AA / Paris / Fatih KARAKAYA
Le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a déploré, jeudi, le manque d’espace d’expression pour les musulmans qui donne lieu à des sentiments d’exclusion.
Le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, s'exprimait dans une tribune datée du jeudi 14 janvier 2022 dans le journal le Monde.
Dans sa tribune, le président de l’organisme dans la tourmente depuis l’annonce de sa mort prochaine de la part du gouvernement qui veut le remplacer par une nouvelle instance, Moussaoui commence par rappeler que par « principe de laïcité, les autorités religieuses doivent rester neutres ».
En revanche, il refuse de se taire face à ce qu’il appelle « les confusions, les amalgames, et les risques de stigmatisation préjudiciable à l’unité et la cohésion sociale ».
Souhaitant « le vivre ensemble », Moussaoui observe que cette situation « n’engage pas à renier son identité. Conscient que certains citoyens musulmans « détournent la religion à des fins contraires aux valeurs de la République », Moussaoui se plaint que « les débats électoraux soient contrés sur l’Islam ».
« Force est de constater que, sous le couvert de lutte contre l’extrémisme se réclamant de l’Islam, le discours de certains est devenu presque un appel à se débarrasser des musulmans de France », constate le président.
-- Fin des espaces d’expression
Par ailleurs, Mohammed Moussaoui observe que mêmes les « citoyens qui ne revendiquent pas leur différence culturelle ou religieuse se trouvent forcés d’affirmer une identité qu’on ne cesse de leur renvoyer ».
Il estime qu’à cause de ce renvoi perpétuel, certains pourraient l'utiliser « pour se replier sur eux-mêmes ».
Rappelant que la France est un pays où « les mouvements politiques, la société civile et les corps intérimaires offraient des espaces d’expression et d’apprentissage des valeurs collectives », il regrette que « leur présence soit fortement réduite ».
Pour lui, cette réduction entraine indéniablement « un sentiment d’exclusion de la représentation politique ».
De ce fait, il pense que par ce manque, « la contestation sociale se transforme en délinquance et en violence contre les autorités dans la société telles que la famille, l’école, l’autorité publique mais aussi les institutions religieuses ».
-- La perception des inégalités
« L’histoire nous apprend qu’à chaque fois que se sont trouvées réunies la perception – juste ou injuste- des inégalités et d’un défaut de représentation dans les débats politiques, cela a ouvert grand la porte au populisme et à l’extrémisme », prévient-il.
Jugeant que les politiques doivent se soucier des extrémistes mais aussi des autres sujets importants comme le pouvoir d’achat, Moussaoui leur conseille de « proposer à l’ensemble des citoyens des voies pour répondre à leurs préoccupations ».