France : Manifestation des cheminots contre la liquidation de Fret SNCF
- Les syndicats des cheminots organisent une marche à Paris pour demander un moratoire sur la liquidation de Fret SNCF.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Des centaines de cheminots ont manifesté ce mardi, dans le cœur de Paris, pour dénoncer la "casse organisée" de Fret SNCF, selon le correspondant d'Anadolu présent sur place.
Les syndicats et les associations de défense de ce mode de transport réputé écologique, s'inquiètent du projet gouvernemental de scinder l'entreprise en deux sous la pression de l'Union européenne.
Dans ce contexte, les syndicats CGT, UNSA, SUD Rail et CFDT ont appelé à une manifestation nationale ce mardi 28 mai à Paris, avec un rassemblement prévu à 12h30 Place d'Italie, se dirigeant vers Montparnasse.
Par voie d'un communiqué, l'intersyndicale cheminote a annoncé cette mobilisation unitaire pour protester contre la liquidation de Fret SNCF décidée par le gouvernement, une décision imposée par la Commission européenne. Selon les syndicats, cette liquidation représente non seulement une "catastrophe sociale" avec la suppression de 500 postes, mais aussi une "aberration écologique".
En effet, le secteur des transports est le principal émetteur de gaz à effet de serre en Europe. Les cheminots et leurs alliés, tels que l'Alliance écologique et sociale (AES-PJC), estiment que le développement du fret ferroviaire public est crucial pour la décarbonation en France.
Pour rappel, la Commission européenne a ouvert une enquête en janvier 2023 pour vérifier la conformité des aides d'État françaises accordées à Fret SNCF, d'un montant de 5,3 milliards d'euros. Si la Commission juge ces aides incompatibles avec les règles européennes, Fret SNCF risque la liquidation. En réponse, le gouvernement négocie depuis mai 2023 une "solution de discontinuité" impliquant la scission de l'entreprise au 1er janvier 2025 en deux entités : une pour le transport de marchandises et l'autre pour la maintenance des locomotives.
Clément Beaune, alors ministre des Transports, avait précisé que pour éviter que les nouvelles entités ne soient jugées trop proches de Fret SNCF, 23 lignes de trains, représentant 30 % du trafic et 62 locomotives, devront être cédées à d'autres entreprises. Le secrétaire général de la CGT cheminots, Thierry Nier, critique cette décision, y voyant une aubaine pour le gouvernement et la direction de SNCF pour liquider Fret SNCF.
Les 23 lignes à abandonner, dont le "train des primeurs" Perpignan-Rungis, représentent environ 20 % du chiffre d'affaires de Fret SNCF et concernent 10 % des 5 000 agents actuels. Bien que l'exécutif et la direction de la SNCF assurent qu'il n'y aura pas de licenciements, les syndicats restent sceptiques.
À partir de 2025, la nouvelle entité se concentrera sur le wagon isolé, une activité permettant aux entreprises de partager un train pour leurs marchandises. Cependant, cette technique a été négligée par l'État et depuis l'ouverture à la concurrence en 2006, 500 gares et triages fret ont été fermés et 10 000 emplois supprimés. La part du ferroviaire dans le transport de marchandises est restée stable autour de 10 % depuis cette date.
Lors de la manifestation, les syndicats français et européens ont exigé un bilan de la libéralisation du secteur et a appelé à un moratoire sur la discontinuité de Fret SNCF, soutenus par divers partis politiques, associations de chargeurs et ONG.