France : Macron qualifie d'"erreur stratégique" l'éventualité d'un "changement du régime iranien"
- "Les peuples sont souverains, ils changent leurs dirigeants par eux-mêmes", a-t-il déclaré.

Ankara
AA / Istsanbul / Sanaa Amir
Le président français Emmanuel Macron a qualifié d'"erreur stratégique" l'éventualité d'un "changement du régime iranien".
Macron s'exprimait à l'occasion d'une déclaration aux médias, depuis le Canada, où il participe au sommet du G7 les 16 et 17 juin courant.
"Je pense que les peuples sont souverains, ils changent leurs dirigeants par eux-mêmes, et que tous ceux qui ont voulu, par le passé, changer des régimes par des frappes ou des opérations militaires ont commis des erreurs stratégiques", a-t-il répondu à une question sur "l’éventualité d’une volonté israélienne de renverser le régime iranien".
Le président français a insisté sur le rôle des puissances étrangères : "Je ne pense pas que ce soit à des puissances étrangères de changer les régimes politiques en cours. Je pense que c’est au peuple souverain de le faire", a-t-il ajouté, expliquant que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou lui avait assuré que ce n’était pas son objectif stratégique.
Emmanuel Macron a rappelé, dans ce contexte que "la France a été négociateur et signataire du JCPOA en 2015 (Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, NDLR)".
"Nous ne l'avons pas quitté en 2017. Nous avons d'ailleurs multiplié les initiatives diplomatiques entre 2017 et 2019 pour que ce travail soit réengagé", a-t-il indiqué.
Macron a souligné la nécessité de reprendre les discussions : "Nous sommes disponibles pour reprendre une discussion sur la question nucléaire dès qu'un cessez-le-feu sera obtenu", rappelant le refus de la France que l'Iran ne se dote de l'arme nucléaire.
"L'accès à une arme nucléaire avec les capacités balistiques qui sont les siennes, par l'Iran, est une menace existentielle pour l'Israël. Et c'est d'ailleurs une menace pour nous tous ", a-t-il soutenu.
Il a aussi insisté sur l’importance de protéger les populations civiles : « Il est très important aujourd'hui que les populations civiles, d'ailleurs les populations civiles en Israël comme en Iran, soient préservées et, donc, qu'on puisse revenir à la table des discussions".
Macron a plaidé en conclusion sur ce sujet pour la reprise des négociations sur le nucléaire iranien avec toutes les parties concernées, impliquant les États de la région "oubliés du JCPOA initial", aux côtés des Européens et des Américains.
-- Un cessez-le-feu à Gaza
Lors de son intervention face à la presse, Emmanuel Macron a lancé un appel pressant en faveur d’un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, dénonçant la situation humanitaire "intolérable" et un blocus "injustifiable".
"Il ne faut absolument pas que ce qui se passe, aujourd’hui, nous fasse oublier une seule seconde la situation intolérable à Gaza, où, encore hier, les frappes ont fait plusieurs dizaines de morts", a déclaré le président français.
"Notre position est claire, un cessez-le-feu le plus vite possible, et ça, j'en ai reparlé avec le président Trump, et c'est aussi l'une des choses qu'on peut obtenir à court terme et qu'il faut obtenir d'Israël", a-t-il réaffirmé, insistant sur la nécessité d'une action humanitaire rapide.
Pour Emmanuel Macron, "rien ne justifie les combats et le blocus humanitaire à Gaza. Il n'y a aucun intérêt sécuritaire qui le justifie. C'est faux de le dire". Il a ajouté que seule la reprise de l’aide humanitaire et la libération des otages permettraient "de réenclencher le processus politique, d'abord sur Gaza, puis avec la perspective des deux États".
- "Poutine a menti à Trump", dit Macron
"Au moment où je vous parle, c’est la Russie qui a menti de manière constante au président Trump. Elle lui a menti en disant on veut la paix et en ne répondant jamais à son appel au cessez-le-feu", a-t-il expliqué.
Il a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu en Ukraine.
"Moi, ce que je souhaite, c’est un cessez-le-feu, un retour à la discussion de tous et une capacité à mettre autour d’une même table le président Poutine, le président Zelensky, les Américains, les Européens, et trouver un chemin avec des concessions (...) territoriales, sécuritaires, qui permettent d’avoir une paix robuste et durable", a-t-il expliqué.
Emmanuel Macron a également rappelé la mobilisation collective. C'est "parce que nous avons collectivement mobilisé nos efforts, que nous avons bâti cette coalition des volontaires. Les Européens ont montré qu’ils étaient prêts à prendre un effort de guerre supplémentaire", a-t-il ajouté.
Concernant les sanctions, l’objectif, selon Macron, consistait à "casser la linéarité du conflit" et de "conduire la Russie à revenir à la table des discussions".
-- Les questions commerciales
La réunion du G7 étant principalement consacrée aux aspects économiques et commerciaux, Macron a mis en garde contre les droits de douane entre les sept pays les plus développés au monde.
Il a plaidé pour une "ligne d’action commune" entre alliés, insistant sur la nécessité de répondre collectivement aux grandes crises géopolitiques, notamment en Iran, en Ukraine, mais aussi face aux déséquilibres économiques mondiaux.
" Imposer des tarifs entre les membres du G7 est contre-productif au regard de cette question", a-t-il considéré.
Il a, ainsi, invité le président américain Donald Trump à adopter une approche multilatérale, soulignant la "responsabilité collective" pour atténuer les tensions commerciales et soutenir la stabilité macroéconomique globale.