
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le président français Emmanuel Macron a catégoriquement écarté, mardi soir sur TF1, la possibilité d’organiser un référendum sur l’abrogation de la réforme des retraites.
Interrogé par le journaliste Gilles Bouleau et confronté aux critiques de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, le chef de l’État français a maintenu sa position. Il a justifié la réforme par la nécessité de préserver l’équilibre du système : « Si on ne réformait pas [le système des retraites], on accumulait des déficits », a-t-il déclaré.
Le président français a chiffré à 17 milliards d’euros les économies attendues d’ici à 2030 suite au relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Face à la proposition de Sophie Binet de revenir à la retraite à 62 ans, il a opposé une fin de non-recevoir : « Cet argent on ne l’a pas et on ne sait pas le trouver ». La syndicaliste dénonçait de son côté des « ravages », une « crise sociale et démocratique » et demandait : « Pourquoi avez-vous peur des Françaises et des Français ? »
Macron a répondu sans détour : « La réponse est non », excluant la tenue d’un référendum sur l’abrogation de la loi. Il a insisté : « On ne l’a pas faite de gaieté de cœur, mais pour sauver notre système par répartition ».
Sophie Binet a proposé d’autres pistes de financement : revenir sur les exonérations sociales accordées aux entreprises, instaurer une taxe sur le patrimoine des plus riches (la « taxe Zucman ») ou encore renforcer la lutte contre les inégalités salariales. L’Insee rappelait en mars que l’écart de rémunération à travail égal entre femmes et hommes était encore de 14,2 % en 2023.
Le chef de l’État français a défendu les avancées de la réforme : augmentation des petites retraites, dispositifs spécifiques pour les carrières longues et les personnes en situation de handicap. « Cette réforme est beaucoup plus juste que vous le dites », a-t-il assuré.
Pour rappel, la réforme des retraites adoptée en 2023, repoussant l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, a déclenché une mobilisation sociale d'une ampleur inédite depuis 1995.
Portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne et validée via l'article 49.3, cette réforme a été perçue comme un passage en force, suscitant des manifestations massives et une défiance accrue envers l'exécutif. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a appelé à plusieurs reprises à l'abrogation de la réforme et à l'organisation d'un référendum, soulignant la gravité de la situation sociale et politique du pays.
Les manifestations ont été marquées par des violences policières, notamment de la part de la Brigade de répression de l'action violente motorisée (BRAV-M). Des ONG telles qu'Amnesty International ont dénoncé un recours excessif à la force et des arrestations abusives. Des cas de mutilations graves ont été rapportés, ainsi que des fractures causées par des tirs de LBD ou des coups de matraque. Des journalistes ont également été victimes de violences, malgré leur identification claire.
En réponse à la crise sociale, le Premier ministre François Bayrou a lancé en janvier 2025 une nouvelle consultation auprès des partenaires sociaux. Cette initiative vise à rechercher une "voie de réforme nouvelle" sur les retraites, sans tabou, y compris sur l'âge de départ, à condition de garantir l'équilibre financier du système.
Selon un sondage diffusé par TF1, 68 % des Français se disent favorables à la tenue d'un référendum pour l'abrogation de la réforme des retraites.