France / Louvre : audition de la présidente-directrice du musée à l’Assemblée nationale
- Après le cambriolage historique d’octobre
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
La présidente-directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars, a été auditionnée mercredi par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, dans un contexte de questionnements sur la sécurité et l’état des infrastructures du musée le plus visité du monde.
Sécurité remise en question
Depuis le vol spectaculaire du 19 octobre 2025 et l’incident impliquant deux Tiktokeurs belges le 14 novembre, la sécurité du Louvre est au centre des critiques. Laurence des Cars a reconnu devant les députés « l’échec que représente le vol du 19 octobre » et a qualifié cet événement de « blessure immense ». Elle a toutefois assuré que « l’alarme anti-intrusion de la galerie Apollon n’était pas défaillante et les protocoles de sûreté ont été respectés ».
Bâtiment fragile et projets de rénovation
Lundi, une galerie du premier étage de l’aile sud a été fermée au public pour « fragilité de certaines poutres portant les planchers ». Les travaux d’aménagement remontaient à 1937, explique l’architecte François Châtillon, et seront intégrés au projet « Nouvelle Renaissance » du Louvre, annoncé en janvier 2025 par Emmanuel Macron pour un coût estimé entre 700 et 800 millions d’euros sur dix ans.
Laurence des Cars a rappelé qu’elle avait alerté dès 2024 sur « la dégradation et l’obsolescence des infrastructures techniques du bâtiment » et salue le lancement de ce projet pour moderniser le musée et répondre aux enjeux sécuritaires, climatiques et numériques.
Mesures d’urgence et sécurité renforcée
Plus d’une vingtaine de mesures d’urgence vont être déployées dans les prochains jours, incluant la création d’un poste de coordonnateur sûreté, l’installation d’équipements de protection à distance pour les bâtiments sensibles et 100 caméras périmétriques supplémentaires d’ici fin 2026. Les liens avec la préfecture de police seront renforcés, avec l’implantation d’un poste de police sur le domaine du Louvre.
Depuis 2022, chaque chantier a été accompagné d’un renforcement de la vidéoprotection, avec 134 caméras numériques déployées, souligne Laurence des Cars, qui insiste sur la nécessité de gérer simultanément acquisitions, travaux, expositions et actions envers le public et les mécènes.
Ouvertures prochaines et investissements
Dans les prochains jours, plusieurs espaces rénovés seront accessibles au public : la porte des Lions, les galeries des Cinq continents et les salles de peintures italiennes et espagnoles, équipés de systèmes de protection modernes.
Le schéma directeur des équipements de sûreté, « très complexe » en raison de l’étendue et de l’obsolescence du Louvre, sera pleinement déployé à partir de 2026 avec un budget de plus de 80 millions d’euros, tandis que le schéma directeur électrique représente plus de 60 millions d’euros, selon Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.
Laurence des Cars a dénoncé la désinformation dont le Louvre a été l’objet ces dernières semaines et rappelle que « le Louvre est une merveille nationale, mais il est fragile ».
Relativisation après l’action des influenceurs belges
Interrogée sur les deux influenceurs belges qui ont réussi à accrocher vendredi leur portrait à côté de la Joconde, Laurence des Cars a souhaité relativiser : « Ce n’est pas le même niveau que ce que nous avons connu le 19 octobre, mais nous restons vigilants. »
Elle rappelle que le musée fait face constamment à des interventions dans ses salles : « Il y a deux ans, c’étaient des activistes écologistes qui avaient jeté de la soupe sur des peintures », un type d’action désormais observé dans plusieurs musées à travers le monde.
Pour anticiper ce genre de nouvelles menaces, la création prochaine d’un poste de coordonateur sûreté permettra de renforcer la sécurité et de mieux adapter le Louvre aux modes opératoires évolutifs des intrusions et actions malveillantes.
Pour rappel, le 19 octobre 2025, quatre individus déguisés en ouvriers avaient réussi à pénétrer dans la galerie d’Apollon du Louvre à l’aide d’une nacelle élévatrice, avant de briser deux vitrines et de dérober huit à neuf joyaux de la Couronne, dont un diadème de l’impératrice Eugénie. Le vol, estimé à moins de huit minutes, avait révélé des failles majeures de sécurité, déclenchant la colère du gouvernement.
