France: Les voix s'élèvent contre l'école de l'organisation FETO
Après la tentative avortée du coup d'Etat en Turquie, Suleyman Asan, propriétaire d'un Collège dirigé par une équipe proche de l'organisation FETO à Strasbourg, se bat pour que celle-ci quitte son établissement, tout comme les parents des élèves d'ailleurs

Alsace
AA - Strasbourg - Bilal Muftuoglu/ Omer Aydin
L'organisation FETO s'attire les foudres de la communauté turque en France, après la tentative avortée de coup d'Etat du 15 juillet dernier en Turquie, en particulier dans la ville de Strasbourg où ses membres dirigent le Collège Selman Asan, une des deux écoles de l'organisation terroriste sur le sol français.
Le propriétaire du Collège Suleyman Asan est le premier à réclamer le départ de l'organisation de son établissement, avec des parents d'élèves franco-turcs qui sont nombreux à désinscrire leurs enfants.
Ouvert en 2012 et portant le nom du frère de Suleyman, Selman Asan, qui à l'époque de l'ouverture était dans le coma, le Collège est loué et dirigé par une équipe proche du FETO. "Nous avions décidé en 2011 avec mon frère, qui n'est plus en vie aujourd'hui, d'accorder la direction de l'établissement à cette organisation. Cela faisait des années que nous y contribuions financièrement, avec d'autres groupes bénévoles. Pourtant, depuis trois ans, cette organisation ne rend plus service à la communauté et leur implication dans les récents événements nous a fait l'effet d'une douche froide", explique ainsi Suleyman Asan, dans une interview avec Anadolu.
"Comme d'autres membres de la communauté franco-turque, nous ne tolérons plus qu'une telle organisation puisse diriger l'école, et nous entamerons toutes les démarches nécessaires pour leur éviction", ajoute-t-il.
L'idée de l'ouverture d'un collège turc avait pourtant été reçue favorablement "jusqu'à ce que l'on ait compris que ses directeurs avaient un agenda caché, comme l'atteste la tentative de coup d'Etat du 15 juillet", évoque encore Asan.
- La famille se désolidarise du Collège
La famille Asan, qui loue les locaux du Collège pour une durée de 9 ans, a commencé à s'en désolidariser, notamment en retirant tous les panneaux portant le nom de Selman Asan, précise Suleyman Asan.
Asan reconnaît que lui-même et d'autres membres de sa famille ont bien sympathisé avec le FETO dans les années précédentes, tout en tenant à souligner que le 15 juillet a été un tournant décisif pour l'ensemble de cette famille commerçante. Et de terminer avec un appel adressé au FETO:
"Laissez-nous en paix avec notre Etat et notre peuple. Quittez notre école".
- Un possible transfert de l'école à l'Union Turco-Islamique des affaires religieuses
La famille Asan a d'ores et déjà pris des contacts avec l'Union Turco-Islamique des affaires religieuses (DITIB) de Strasbourg, pour aborder un possible transfert de la direction de l'école, fait savoir Suleyman Asan. "Nous leur avons proposé l'ensemble de nos locaux et attendons actuellement leur retour", note-t-il.
Les responsables de DITIB de Strasbourg ont confirmé pour leur part à Anadolu que la demande est en cours de traitement et qu'ils ont entrepris des démarches officielles auprès des autorités françaises pour voir les modalités d'un éventuel transfert.
- Désinscriptions en masse
Les parents des élèves qui suivent leur scolarité au Collège Selman Asan ont été nombreux à désincrire leurs enfants après la tentative du coup d'Etat du 15 juillet.
La Franco-turque Hatice Ceri confirme à Anadolu qu'elle a désinscrit son enfant l'an dernier, avant même le putsch raté, notamment dans le cadre des activités de l'organisation contre l'Etat turc. Son mari qui assistait aux réunions du FETO n'y va plus, après la révélation de leurs activités, souligne-t-elle.
Et d'ajouter: "Nous avons été approchés par les membres de cette organisation pour que mon mari continue à assister à leurs réunion et que notre enfant continue sa scolarité dans leur école. Pourtant, nous leur avons dit de nous laisser tranquilles".
Un autre couple a également fait savoir à Anadolu, sous couvert d'anonymat, qu'ils placeront leurs enfants inscrits jusqu'ici au Collège Selman Asan dans une autre école dès la rentrée. "Nous sommes actuellement en Turquie, dès notre arrivée, nous effectuerons les démarches nécessaires pour que nos deux enfants puissent continuer leurs études ailleurs", explique le couple joint par téléphone.
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