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France : Les oppositions expriment leur colère face au projet de loi immigration du gouvernement

- Pour sa part, le ministre de l'Intérieur a indiqué que plus de 18 000 personnes en situation irrégulière ont été expulsées depuis le début de l'année, décrivant une hausse de "plus de 20 %" par rapport à 2021.

Ümit Dönmez  | 03.11.2022 - Mıse À Jour : 03.11.2022
France : Les oppositions expriment leur colère face au projet de loi immigration du gouvernement

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AA / Paris / Ümit Dönmez​​​​​​​

Le projet de loi immigration annoncé, mercredi, par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a provoqué la colère des partis d'opposition, notamment de la droite et de l'extrême droite, mais aussi de l'aile gauche de l'hémicycle.

- Le Pen dénonce une "aggravation des filières d'immigration clandestine"

Au micro de "France 2", Marine Le Pen, la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale, a dénoncé, à travers ce projet de loi, une "aggravation des filières d'immigration clandestine".

"Il s’agit d’envisager la régularisation d'un certain nombre de clandestins qui sont utilisés par des patrons qui eux-mêmes devraient se retrouver devant le tribunal correctionnel pour employer des gens qui sont sans-papier", a lancé la cheffe du parti d'extrême droite, en référence à la volonté du gouvernement d'octroyer un titre de séjour aux personnes qui sont en situation irrégulière, mais travaillent dans un secteur qui peine à recruter.

Marine Le Pen a également dénoncé la logique du gouvernement qu'elle a décrite comme celle "du fait accompli".

"Comme il y a 7 000 personnes en situation irrégulière qui travaillent dans notre pays, il faut les régulariser", a-t-elle observé.

"Ça fait 40 ans qu'on fait la même chose en matière d'immigration. On voit que la situation s'aggrave d'année en année", a affirmé la présidente du groupe RN au Palais Bourbon.

Même son de cloche pour Louis Aliot, candidat à la présidence du RN, qui dénonce, pour sa part, "un appel d'air à une immigration supplémentaire".

Faisant référence à la volonté du gouvernement d'octroyer un titre de séjour aux personnes qui sont en situation irrégulière, mais travaillent dans un secteur qui peine à recruter, le maire de Perpignan concède qu'il y a effectivement des métiers en tension.

"Mais quel niveau de salaire on donne à un jeune qui va dans un chantier ou qui rentre en cuisine ?", a-t-il interrogé, ce jeudi matin, au micro de "France Inter", expliquant le difficultés de recrutement de secteurs comme la construction ou la restauration par le bas niveau des revenus offerts par les employeurs.

Pour sa part, le maire RN de la ville de Béziers, Robert Ménard, interrogé par CNews, a reconnu qu'il y a "un tas de boulots" que seuls "les immigrés" acceptent et que les "les Français ne veulent plus les faire". Il se dit favorable à une future loi qui permettrait de régulariser les travailleurs sans papiers.

"Je trouve que c'est une bonne idée, à condition qu'on surveille vraiment et que ce soit du cas par cas, que ce ne soit pas une nouvelle filière pour que des gens rentrent en France", a déclaré Robert Ménard.

- Droite et gauche en colère

Du côté du parti Les Républicains (LR, droite), Éric Ciotti, candidat à la présidence du parti d'opposition, a dénoncé "une forme de supercherie pour aller une nouvelle fois vers une forme de régularisation", adoptant une position similaire à celle de l'extrême droite.

"On n'arrive pas à expulser les personnes qui subissent une OQTF [Obligation de quitter le territoire français, NDLR] et donc, idée géniale trouvée par les deux ministres : on va régulariser des étrangers en situation irrégulière, entrés illégalement sur le territoire, au motif qu'ils pourraient pourvoir des métiers en tension", fustige le député des Alpes-Maritimes.

Parmi les membres de l'alliance de gauche Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), Aurélien Taché, député Europe Écologie-Les Verts, interrogé par BFMTV, a estimé qu'"il n'y a pas de problème d'immigration en France, mais un problème de l'instrumentalisation des sujets migratoires par la droite et l'extrême droite".

L'élu de gauche a dénoncé la bataille de communication du gouvernement et de l'aile droite de l'échiquier politique français, sur la question migratoire.

Pour sa part, le député La France Insoumise (LFI) de Picardie, François Ruffin, a exprimé son opposition à "l'immigration choisie".

Au micro de Sud Radio, l'élu Nupes a réclamé "un statut et un revenu" pour tous les métiers du soin.

"Il faut que les gens puissent vivre de leur travail et avoir un statut et un revenu" pour tous les métiers en tension comme ceux des auxiliaires à domicile, a-t-il estimé.

De son côté, sur les réseaux sociaux, la députée EELV, Sandrine Rousseau, s'est indignée de la "mécanique mortifère" du gouvernement, à savoir "réserver les emplois les plus durs et les plus précaires aux personnes les plus fragiles, discriminées et étrangères".

- Projet de loi immigration du gouvernement

Pour rappel, ce mercredi, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé qu'un nouveau projet de loi sur l'immigration devrait être présenté début 2023.

Selon le ministre, le texte qui sera soumis au vote des législateurs, prévoit notamment la régularisation de sans-papiers pour leur permettre de travailler dans "les métiers en tension".

Le locataire de Beauvau souhaite ainsi lutter "contre le travail au noir" et soulager les filières comme "l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment et les travaux publics", qui font face à des difficultés pour recruter.

"Ce que nous souhaitons, c’est arrêter totalement le marché du travail au noir avec des sanctions fortes […], et faire des régularisations au compte-goutte", a-t-il plaidé.

Gérald Darmanin a, néanmoins, estimé que ce projet de loi serait "le texte le plus ferme sur l'immigration présenté par un gouvernement" et qu'il contient de nombreuses mesures proactives contre l’immigration.

"Je ne fais pas le lien entre immigration et délinquance, mais une partie des étrangers dans les grandes métropoles commettent l'essentiel des actes de délinquance", a affirmé le ministre qui a ajouté qu'il demanderait "aux agents des préfectures de bien exécuter les obligations de quitter le territoire français".

Le ministre a également annoncé des mesures pour durcir les conditions de vie des immigrés sans-papiers, tels que la fin de l'accès aux logements sociaux.

Au micro, ce jeudi matin, de CNews, Gérald Darmanin a indiqué que plus de 18 000 personnes en situation irrégulière ont été expulsées depuis le début de l'année, décrivant une hausse de "plus de 20 %" par rapport à 2021.

Le ministre de l'Intérieur a également exprimé la volonté du gouvernement de réduire les délais de traitement des demandes d'asile à 60 jours, alors que la durée actuelle de traitement varie entre trois et six mois.




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