France : les musulmans à l’épreuve d’un Ramadan confiné

France
AA / France / Feïza Ben Mohamed
Cette année 2020 aura indéniablement été marquée par cette épidémie de Covid-19 qui bouleverse le quotidien des citoyens du monde entier.
C’est donc confinés, que les musulmans de France, et de nombreux autres pays, ont abordé cette année, le mois de Ramadan.
Dans l’Hexagone, les lieux de culte ne peuvent plus accueillir de public et, donc, célébrer les fêtes religieuses, ou organiser des rassemblements, depuis l’instauration du confinement, par le président Emmanuel Macron, le 17 mars.
Il est ainsi impossible, pour les 6 millions de musulmans du pays, de se rendre à la mosquée les soirs de Ramadan, pour les prières de Tarawih (prières surérogatoires effectuées chaque soir pendant le mois béni).
Les communautés locales se préparent, par ailleurs, à être privées de prières collectives à l’occasion de l’Aïd-El-Fitr.
- Témoignages
Mathieu a 24 ans, il s’est converti à l’Islam en 2014. Il explique que les années précédentes, il était habitué « aux prières nocturnes » dans la mosquée de sa ville et était chaque soir de Ramadan « invité au sein des différentes familles » pour la rupture du jeûne.
Cette année, il concède « ressentir davantage la solitude » et avoir beaucoup appréhendé la situation « au début du mois ».
« Ce mois permettait aux personnes qui ne venaient pas souvent à la mosquée, qui ne priaient pas souvent, de venir et de profiter de ce mois pour changer et devenir meilleur » se souvient cet habitant d’une petite commune de Moselle (nord-est).
Il espère « ne plus avoir à rencontrer d’autres Ramadan comme celui-ci à l’avenir », éprouvé par la « solitude ».
Même son de cloche du côté de Lucile, elle aussi convertie à l’Islam.
Cette jeune maman de 31 ans, vit dans un petit village à quelques kilomètres de Lyon (Est), et explique qu’il aura été très difficile pour elle de ne pas pouvoir partager de moments en famille et entre amis comme à l’accoutumée.
Ce Ramadan sous confinement « permet de se recentrer sur l’essentiel », au sein même de la structure familiale, mais pour la jeune femme « le contact avec les autres manque ».
Hassan a 38 ans. Depuis le 19 mars, il est papa d’une petite fille, née confinée et qui n’a toujours pas pu rencontrer sa famille, dans ce contexte.
Il rappelle que la fermeture des mosquées impacte directement les plus démunis pour qui « les repas servis sur place sont indispensables ».
Il se dit, par ailleurs, « très fier » des multiples initiatives prises par les communautés musulmanes de tout le pays pour pallier à ce manque et trouver des alternatives pour continuer à nourrir « les plus fragiles d’entre nous ».
- Quelle perspective?
Si le déconfinement a été amorcé par le gouvernement le lundi 11 mai, la date de la réouverture des lieux de culte demeure inconnue.
La date du 2 juin a été évoquée par le Premier ministre Édouard Philippe il y a quelques jours, mais, pour l’heure, rien n’a été confirmé et aucune date n’a été actée.
Les communautés musulmanes, bien que frustrées de la situation, restent bien souvent lucides face aux risques sanitaires encourus en cas de réouverture précipitée.
Dans un communiqué de presse diffusé dimanche, l’institut musulman des Bleuets, situé dans les quartiers nord de Marseille (sud-est), fait savoir qu’il « ne prendra pas la responsabilité de rouvrir ses portes de manière anticipée tant que la santé des fidèles ne sera pas garantie ».
L’institut juge « scandaleuse », la position du gouvernement, qui envisage de permettre, par dérogation, l’ouverture des lieux de culte juifs et chrétiens dès le 29 mai, pour permettre la célébration, notamment des fêtes de la Pentecôte.
- Appel à la responsabilité
À l’annonce du confinement, les autorités religieuses de France ont unanimement demandé à toutes les mosquées de respecter strictement les mesures sanitaires en proscrivant tout rassemblement en leurs seins.
C’est également le cas du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), qui a immédiatement réagi en publiant un communiqué appelant les musulmans à rester chez eux.
Samedi, l’organisation a diffusé un autre communiqué invitant à la plus grande prudence et indiquant qu’un « consensus s’était établi pour reprendre les cérémonies religieuses d’une manière progressive quand les conditions de sécurité sanitaire seraient remplies ».
Et le CFCM de rappeler que « la date du 2 juin 2020 fut fixée par les pouvoirs publics pour qu’une reprise des activités religieuses puisse commencer après toutes les grandes fêtes religieuses », qualifiant cette décision de « prudente et réaliste ».
Attendre, donc, et espérer.
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