France : Les jeunes hommes perçus comme non blancs toujours sur-contrôlés par la police
– Un jeune homme perçu comme "noir ou arabe" a 12 fois plus de risques de subir un contrôle "poussé" que le reste de la population.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Les résultats d’une enquête publiée ce mardi 24 juin par la Défenseure des droits, Claire Hédon, confirment une tendance préoccupante : les contrôles d’identité en France continuent de cibler de manière disproportionnée certains profils sociaux, notamment les jeunes hommes perçus comme « noirs, arabes ou maghrébins ».
Dans le rapport publié ce mardi, la Défenseure des droits a indiqué que « la proportion de personnes ayant fait l’objet d’un contrôle d’identité a connu une forte augmentation entre 2016 et 2024 : 26 % de la population de France métropolitaine a été contrôlée au moins une fois sur les 5 dernières années en 2024, contre 16 % en 2016 ».
Cette hausse générale masque des inégalités persistantes : +81 % de contrôles chez les cadres, +148 % chez les 55-64 ans, mais surtout, une surexposition nette des jeunes hommes perçus comme issus de minorités. Le rapport souligne qu’ils ont « quatre fois plus de risques d’avoir été contrôlés que le reste de la population, et 12 fois plus de risque de faire l’objet d’un contrôle “poussé” (fouille, palpation, conduite au poste, injonction à quitter les lieux) ».
Dans 54 % des cas, les personnes contrôlées n'ont reçu aucune explication sur le motif du contrôle. Plus grave encore, 14 % ont été tutoyées, 7 % insultées ou provoquées, et autant déclarent avoir subi des brutalités. Pourtant, « seules 8 % des personnes contrôlées ayant fait l’objet de comportements inadaptés lors d’un contrôle ont tenté de faire reconnaître cette situation ».
Ces constats sont à mettre en lien avec une défiance croissante : seulement une personne sur deux se dit confiante ou rassurée en présence de policiers, une proportion qui chute chez ceux ayant vécu des discriminations. « Parmi les personnes qui ont déclaré avoir vécu des discriminations lors d’un contrôle de police, 59 % indiquent se sentir inquiètes ou méfiantes en présence des forces de sécurité ».
Le Défenseur des droits, qui appelait déjà en 2016 à des réformes profondes, renouvelle ses recommandations, notamment sur la traçabilité des contrôles d’identité, dans le but de garantir le droit au recours et de prévenir les contrôles discriminatoires.
À travers cette nouvelle édition de l’enquête « Accès aux droits », l’institution rappelle que l’inégalité dans les pratiques policières ne relève pas de perceptions isolées, mais de réalités statistiques persistantes. Une interpellation directe aux pouvoirs publics, appelés à passer du constat à l’action.