France : Le président de l’Association des maires alerte sur la progression du grand banditisme et des mafias
- David Lisnard dénonce la montée des réseaux criminels et appelle à une application concrète de la loi sur le narcotrafic
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
David Lisnard, président de l’Association des maires de France (AMF), a alerté lundi sur le développement d’un « grand banditisme mafieux » en France, mettant en garde contre l’extension des réseaux criminels et de la production de drogue locale.
Selon Lisnard, l’AMF avait déjà alerté, il y a plusieurs années, sur la présence de ces réseaux dans les zones rurales. « Il y a vraiment un développement mafieux en France, de très grands banditismes », a-t-il déclaré à Public Sénat. Il a précisé que les points de deal, les réseaux et le blanchiment étaient désormais visibles, et que la production locale de drogue se développe, au-delà de l’importation.
Le président de l’AMF a également mis en garde contre les risques de corruption liés à ces flux financiers. « C’est extrêmement grave parce que c’est tout un système de corruption qui peut se mettre en place, on le voit en prison, et le phénomène doit être traité tout azimut. On en est encore très très loin », a-t-il ajouté.
David Lisnard a salué la loi sur le narcotrafic, votée après un débat organisé au congrès des maires, auquel avait participé le sénateur Étienne Blanc. Il a toutefois insisté sur l’importance de traduire ce cadre juridique en actions concrètes sur le terrain. « La loi est bonne, mais il faut surtout ensuite aller dans l'exécution des choses », a-t-il conclu.
La mise en garde de David Lisnard s’inscrit dans un contexte de forte montée du trafic de stupéfiants en France. Selon les douanes françaises, près de 111 tonnes de produits stupéfiants ont été saisies en 2024, dont environ 53,5 tonnes de cocaïne — un bond de 130 % par rapport à 2023.
L’Office français antistupéfiants (Ofast) décrit dans ses rapports un renforcement des violences liées au narcotrafic : en 2024, environ 367 meurtres ou tentatives d’assassinat ont été liés au trafic dans 173 villes, avec des réseaux qui contrôlent des points de deal dans les quartiers et même dans des zones rurales.
Par ailleurs, selon un rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), entre 80 % et 90 % des règlements de comptes entre trafiquants sont liés au trafic de drogue, et la hausse de ces violences s’accompagne d’un recrutement de plus en plus précoce de jeunes, y compris des mineurs.
La situation alimente également des tensions au sein des institutions : l’Ofast a été secoué par une affaire de corruption, avec deux agents de son antenne marseillaise mis en examen pour trafic de drogue et blanchiment. Enfin, dans le sillage de cette crise, le gouvernement français a adopté une nouvelle loi sur le narcotrafic en 2025, créant notamment un Parquet national contre la criminalité organisée (PNACO) et renforçant les peines, y compris pour le recrutement de mineurs.
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