France: Le président du CFCM opposé à la présentation des "caricatures de Mohammed" dans les écoles
- "Je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour expliquer aux enfants la liberté d'expression", estime Mohammed Moussaoui, ajoutant qu'il faut savoir "renoncer à certains droits pour que la fraternité règne en France".

Ile-de-France
AA / Paris
Le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, estime que les caricatures du Prophète Mohammed ne devraient pas être montrées à l’école.
Mohammed Moussaoui était interrogé, mardi, par les journalistes de Franceinfo.
Il est d’abord revenu sur son entretien de la veille avec le président de la République, Emmanuel Macron.
Selon le président du CFCM, le président Macron "n'est pas pour porter les caricatures et les publier n'importe où. Il n'incite pas à la publication de ces caricatures".
Mohammed Moussaoui prône l’empathie envers les concitoyens de confession musulmane. "Il faut entendre le sentiment des musulmans de France", défend-il.
Et d’ajouter : "Le droit permet aux caricaturistes de caricaturer mais ce même droit permet aussi aux musulmans de ne pas aimer ces caricatures, voire de les détester. Mais rien ne peut justifier qu'on puisse assassiner ou porter atteinte à un homme qui caricature."
Au sujet de la volonté de montrer ces caricatures aux élèves dans les collèges et les lycées en France, le président du CFCM exprime son opposition.
"Je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour expliquer aux enfants la liberté d'expression. Je ne le souhaite pas. Il y a d'autres moyens de le faire. Il y a d'autres moyens d'expliquer le respect mutuel, le respect des libertés des uns et des autres. À cet âge-là, il faut respecter le sentiment de ces enfants", explique-t-il. Moussaoui estime par ailleurs que, sans remettre en cause la liberté d’expression, il faut savoir "renoncer à certains droits pour que la fraternité règne" dans le pays.
- L’islamophobie en France :
Interroger sur les accusations selon lesquelles "la France est islamophobe", le président du CFCM a déclaré : "Il y a des actes antimusulmans, un climat délétère, mais de là à dire que la France est islamophobe c'est un excès que nous n'acceptons pas."
Pour Moussaoui, les musulmans ne sont pas persécutés en France où ils vivent librement leur citoyenneté.
Mais dans le même temps, il met en garde contre les amalgames. "Ceux qui veulent mettre tous les musulmans de France sur le banc des accusés de terrorisme et ceux qui veulent rendre tous les Français islamophobes. Ce sont deux attitudes extrêmes qui se nourrissent mutuellement malheureusement".
Concernant le projet de dissolution de certaines associations musulmanes, comme le CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France), Moussaoui a rappelé le droit des associations de faire des recours, ne voulant pas entrer dans les détails sur un dossier qu’il ne connait pas.
Pour finir, le responsable musulman a regretté les propos du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin au sujet des "rayons communautaires" (casher, halal …) dans les supermarchés.
"C'est maladroit d'utiliser cette expression dans un climat où on parle de terrorisme", a-t-il défendu.
- Les appels au boycott des produits français dans le monde musulman :
Depuis le discours du Président Macron sur l’Islam du 16 octobre, et les développements de ces derniers jours, de nombreuses initiatives ont émergé dans de nombreux pays musulmans pour demander le boycott des produits français. C’est notamment le cas au Qatar, au Koweït, en Algérie, au Maroc, au Soudan, en Palestine, et en Turquie, où le Président Erdogan a invité lundi ses concitoyens à ne pas acheter de produits français.